Atlantico : L’échec de la fusion Renault

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vendredi 7 juin 2019

Interrogé par Atlantico sur l’échec de la fusion entre Renault et Fiat.

L’échec de la fusion Renault-Fiat, qui serait liée aux exigences de l’État, actionnaire à 15,1% de l’entreprise française, n’est-il pas symptomatique de l’échec de la place de l’État dans le fonctionnement du capitalisme français ?

Subsiste encore l’illusion d’un État stratège qui pourrait bien diriger une entreprise, alors que l’histoire économique dément cette illusion. La mise en place des grandes infrastructures françaises a été le fait des entrepreneurs privés : les mines de charbon au XVIIIe et XIXe siècle, le réseau des écoles, le train, le développement de l’aéronautique, les premiers barrages hydrauliques, l’électricité, etc.

L’État est véritablement intervenu dans l’économie française à partir de 1945, profitant de la nécessité de la reconstruction. Pense-t-on encore que ce soit le rôle de l’État que de gérer une entreprise automobile ? On aimerait d’abord qu’il soit capable d’assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Comment une administration qui se révèle incapable de purifier ses dépenses publiques, de gérer correctement son personnel, d’épurer sa dette, serait capable de faire fonctionner et de développement une entreprise ?

La présence de l’État français au capital d’une entreprise ne peut qu’effrayer, à juste titre, les investisseurs soucieux de développer leur activité.

L’État insiste tout particulièrement dans sa communication sur sa volonté de protéger l’économie nationale. Pour autant, au regard des résultats des entreprises qui sont gérées par l’Agence des participations de l’État et du comportement de l’État actionnaire en général ne faut-il pas constater une forme de cynisme sur cette question ?

La communication est l’art de présenter un camouflet comme une victoire. On a encore en mémoire ce rapport remis au Premier ministre Édouard Balladur en 1993 qui expliquait qu’internet n’avait aucun avenir commercial. Encore une fois, que l’État fasse correctement son travail d’administration, qu’il sache jouer son rôle et tenir son rang et ce sera très bien. Mais tant qu’il n’est pas capable de faire cela, comment peut-il convaincre qu’il pourrait développer une entreprise privée ? Chacun constate la situation désastreuse dans laquelle se trouvent la SNCF et l’Éducation nationale. Toutes les deux illustrent la faillite de l’État en matière de gestion des hommes et des activités, alors que l’éducation confiée au privé et le réseau ferré géré de façon concurrentielle proposent de meilleurs services et pour moins cher.

Qu’est-ce qui pourrait permettre un réel Big Bang du capitalisme à la française pour éviter que ce genre de déconvenues qui nuisent grandement à notre économie se reproduise ?

Que l’administration cesse de s’occuper de ce qui n’est pas de son ressort. Peugeot se débrouille très bien et arrive à relever les défis technologiques qui sont les siens, alors pourquoi pas Renault ? Pourquoi vouloir absolument intervenir dans la direction des entreprises ? En revanche, l’État devrait fournir un cadre juridique adapté pour relever les défis de la guerre économique et de la guerre technologique. Cela aiderait véritablement les entreprises et leur permettrait d’affronter la concurrence juridique internationale. Là oui, nous sommes dans le rôle et le registre de l’État. C’est ici qu’il est attendu et c’est là qu’il doit être utile à la vie économique et au développement du capitalisme français.

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