Une histoire du Tour de France

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mercredi 3 juillet 2019

Beaucoup de Français ne s’intéressent au cyclisme que durant le Tour de France, et beaucoup de cyclistes ne s’intéressent à la France que durant le même Tour. Né en 1903, le Tour de France commémore cette année les 100 ans de l’invention du maillot jaune. Une couleur moquée à ses débuts, le jaune étant associé au traître ou au cocu, mais qui, en s’apparentant à l’or, devient le maillot des vainqueurs, des meilleurs et des « forçats du Tour ».

Béatrice Houchard raconte ces années de Tour, en en mêlant l’épopée sportive à la marche du monde. Elle montre comment cette épreuve sportive a un rôle à part dans le domaine du sport. Elle est plus ancienne que la coupe du monde de football et à peine plus jeune que les Jeux olympiques. Elle a survécu aux guerres mondiales et aux attaques du dopage et elle a réussi à dépasser les frontières françaises pour devenir une épreuve universelle. Paris-Roubaix ou le rallye de Monte-Carlo ne suscitent pas les mêmes passions. Les 24 heures du Mans sont presque oubliées aujourd’hui des Français, alors que c’était l’un des grands rendez-vous populaires des années 1950-1960. Là réside la part mystérieuse du Tour : associer les terroirs et la géographie rurale de la France, la fête populaire et la renommée internationale. Le Tour est l’un des meilleurs exemples de l’accord réussi entre terroir et mondialisation.

Chacun a son Tour bien sûr et, comme le démontre l’auteur, chacun à la fâcheuse tendance de penser que « c’était mieux avant ». Le Tour est le continuum des générations où chacune à ses références tout en s’appuyant sur le fil d’Ariane de la transmission. Les plus anciens pensent encore à Jacques Anquetil et à Eddy Merckx, d’autres à Bernard Thévenet et à Bernard Hinault, ou bien Laurent Fignon et Greg LeMond et ces années 1990-2000, avec Laurent Jalabert, Richard Virenque, Jan Ulrich puis Lance Armstrong, dont le nom même ne peut plus être prononcé. Chaque génération peut ainsi se remémorer ses souvenirs d’enfance, ses combats, ses étapes où il a le plus vibré. C’est le côté magique et mystérieux du Tour.

Les organisateurs ont su s’adapter aux époques, tout en donnant l’impression que rien ne changeait vraiment. La caravane publicitaire qui distribue ses cadeaux ; les villages parcourus, les paysages étant l’acteur principal de cette épreuve. Dans le Tour, il y a les coureurs et il y a les commentateurs, qui font tant pour la renommée de cette épreuve. Antoine Blondin et le journal L’Équipe qui ont magnifié les étapes ; Jean-Paul Olivier, qui en a raconté des centaines à France télévision. La voix et la plume du journaliste comptent tout autant dans l’élaboration de la mythologie du Tour que les efforts des cyclistes.

Une épreuve mythique qui perdure

C’est ce mythe et cette permanence que raconte Béatrice Houchard, qui après avoir travaillé dans plusieurs quotidiens tient aujourd’hui une chronique cyclisme à Eurosport. Son livre contribue aussi à poursuivre la magie du Tour, qui fait que les enfants l’attendent avec autant d’impatience que les grandes vacances de juillet et que les supporters sont prêts à camper sur les bords des routes pour voir défiler devant eux à vive allure leurs champions, que la vitesse empêche de reconnaître. En dépit des triches et du dopage, en dépit des années noires de la décennie 2000, le Tour de France est toujours là et toujours aussi populaire, même si aucun Français ne l’a emporté depuis 1985. Les politiques ont voulu s’approcher de sa gloire ; les écrivains ont contribué à la tisser. Et les cyclistes amateurs ou professionnels rêvent de faire le Galibier ou le Ventoux et de porter sur leurs épaules le désormais renommé Maillot jaune.

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