Un impôt pour l’homme, non pour l’État. La révolte fiscale de Maurice Allais

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lundi 30 juillet 2018

Le titre de notre chronique a sans doute de quoi étonner ; par essence expression de la contrainte étatique, l’impôt pourrait, aux yeux d’un libéral conséquent, mais utopiste, n’avoir d’autre vocation que celle de disparaître. La contradiction des termes n’est pourtant pas aussi insurmontable qu’on ne croit, et nombreux sont les penseurs libéraux à l’avoir démontré : il existe, à rebours de l’hégémonique conception socialiste – où l’impôt n’est juste et légitime que s’il assure le nivellement et la redistribution des richesses –, une conception positive et authentiquement libérale de la fiscalité. Cette conception intellectualisée n’est alors plus celle d’un anti-fiscalisme primaire à quoi, par paresse ou par ignorance, on réduit trop souvent le courant libéral.

Faire de Maurice Allais (1911-2010) l’un des chefs de file libéraux de la révolte fiscale ne laissera pas non plus d’étonner. Ne fut-il pas, dans les dernières années de sa vie, un implacable pourfendeur de « la chienlit laisser-fairiste et libre-échangiste » et un champion du protectionnisme adulé par les altermondialistes de tout poil ?
Certes, celui qui fut en 1988 le premier Français à recevoir le prix Nobel d’économie (Gérard Debreu l’avait reçu en 1983, mais il avait pris la nationalité américaine dès 1974) aimait à se dire, en une formule aussi provocante qu’ambiguë, « libéral et socialiste ». Conciliant libéralisme économique et interventionnisme étatique, Maurice Allais épousa en réalité un libéralisme utilitariste qui, très tôt, l’éloigna des courants libéraux les plus radicaux. C’est ainsi qu’il refusa en 1947 de signer la charte constitutive de la Société du Mont-Pèlerin, prestigieux cénacle libéral dont il fut l’un des membres fondateurs aux côtés notamment de Friedrich Hayek, Karl Popper, Ludwig von Mises ou encore Milton Friedman. Motif de ce refus : la place trop importante réservée aux droits de propriété.

Qu’importe, Maurice Allais ne fut pas moins convaincu de la supériorité de la société libérale et de l’économie de marchés, et, en tant que tel, un anti-égalitariste farouche (« L’égalité n’est ni possible ni souhaitable »). Major de l’École polytechnique en 1933 par la grâce de l’élitisme républicain, il regretta de n’avoir jamais pu y enseigner, s’estimant perçu comme « trop libéral pour former les futurs cadres de l’État français ».

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