Retour sur les JMJ de Madrid

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jeudi 18 juillet 2013

Avant de partir à Rio, nous vous proposons un retour sur les dernières JMJ, à Madrid, en août 2011. Voici l’analyse que nous en avions faite quelques temps après qu’elle ce soit terminée. L’article avait alors paru sur le site Liberté Politique. Il s’intitulait : Les JMJ et le retournement de l’histoire.

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Nous nous doutions bien que ces JMJ à Madrid seraient un succès, que le Pape Benoît XVI saurait parler à ces milliers de jeunes, que les médias devraient se soumettre à la réalité des faits. Mais ces JMJ 2011 sont allées au-delà des attentes et des espérances. De ce fait elles marquent tout à la fois une rupture, un retour aux sources et une modernité à venir pleine de promesse. Ces JMJ consacrent un véritable retournement de l’histoire, que l’on pressentait depuis un certain temps, mais qui est désormais confirmé. Un retournement de l’histoire qui est en même temps un retour de la foi et un affermissement de celle-ci dans la nouvelle génération. A Madrid, l’histoire a changé de sens, de façon peut être moins spectaculaire que le 9 novembre 1989 ou que le 11 septembre 2001, mais de façon plus profonde et plus durable.

Ces JMJ de Madrid furent une véritable apocalypse —une révélation— d’un changement profond de l’Europe. Car qui aurait pu imaginer dans les années 1980 ou 1990, même dans une folie d’espérance et de confiance, qu’en 2011 plus d’un million et demi de jeunes, essentiellement d’Europe, viendraient écouter un pape de 84 ans, dans des conditions de logement difficiles, sous une chaleur de plomb ? Qui aurait pu imaginer, il y a dix ou vingt ans, qu’une jeune génération applaudirait le sacrement de confession, se mettrait à genou pour la consécration et pour la communion, et observerait un recueillement magnifiquement silencieux durant la messe et la veillée au Saint-Sacrement ?

Ces JMJ ont consacré le retour de la liturgie : personne, dans l’assemblée, ne s’est offusquée que le canon et le Pater soient dits en latin, que le Pape donne la communion à une table de communion, et que celle-ci soit reçue à genoux et dans la bouche. C’est-à-dire que la réforme liturgique ait été respectée.

Ces JMJ ont marqué le retour du beau dans l’Eglise. Oubliées les horribles chasubles, infligées à Jean-Paul II à Reims en 1996, aux couleurs arc-en-ciel naïves et criardes. Le Pape est désormais dignement vêtu. Déjà en 2008, lors de sa venue à Paris, c’était l’abbaye du Barroux qui avait prêté la chasuble de la messe des Invalides. On imagine aussi aisément ce qu’aurait été la statuaire des stations du chemin de croix dans les années 1970-1980, avec une Vierge Marie dans un style au croisement du baroque stalinien et du gothique jeff koonien. Finie la laideur artistique. Les statues étaient belles, et pleinement représentative de l’art religieux espagnol, comme était beau aussi ce chant andalou interprété avec brio. Benoît XVI ne cesse de répéter que les racines de l’Europe sont chrétiennes, et il l’a montré en exhibant l’art chrétien d’Espagne et en se rendant à l’Escorial.

Ces JMJ ont signifié le retour de l’intelligence chez les chrétiens. La distribution du catéchisme —le You Cat— dont la préface écrite par le Saint-Père exhorte à ce qu’il soit étudié et connu, est une porte ouverte vers une meilleure connaissance de la foi. Les homélies exigeantes et profondes, homélies d’un théologien mais homélies compréhensibles, permettent à tout un chacun de prier sur les mystères de la foi et de mieux la connaître. Le discours aux jeunes professeurs sur le thème de la vérité, de l’union de la foi et de la raison et du rejet de l’utilitarisme éducationnel, est un encouragement à la transmission des savoirs et des connaissances dans un monde qui cherche surtout l’acquisition des compétences.

Ces JMJ sonnent le grand retour des chrétiens. N’ayez pas honte d’être chrétien, a dit Benoît XVI dès son arrivée à Madrid. Et qui aurait pu rêver, il y a vingt ans, que presque 1.7 millions de jeunes se rassembleraient, quand les JMJ de Rome en 1984 en ont accueilli environ 400 000 ? Ce chiffre paraissait énorme à l’époque, il semble désormais bien petit. Aux personnes présentes il faut ajouter celles qui ont suivi les journées grâce à la télévision et sur l’internet ; au total combien de millions ?

Quel retournement de l’histoire, quelle stupeur, quand, dans les années 1970-1980 nous nous lamentions sur la désertion des églises et sur le vieillissement des fidèles, quand la théologie de la libération faisait des vagues, que les querelles liturgiques divisaient les chrétiens ; des problématiques qui nous semblent aujourd’hui lointaines !

Oui, ces JMJ furent une apocalypse, la révélation que quelque chose a changé dans le monde, que le cours de l’histoire s’est retourné, que la logique matérialiste et relativiste se brise. Tout n’est pas résolu, des défis immenses demeurent, le libéralisme paraît triomphant mais l’espoir a changé de camp, le combat a changé d’âme.

Il reste aux historiens à expliquer l’incompréhensible, ce spectaculaire retournement, ce rajeunissement de la foi, quand tous les indicateurs rationnels annonçaient sa mort. Comment cela est-il possible ? Bien sûr tout n’est pas né à Madrid en 2011. Ce renouveau est le fruit du travail colossal effectué par Jean-Paul II, le fruit aussi de l’exigence liturgique et théologique de Benoît XVI, et ces fruits se révèlent devant nous en cet été 2011. Stupeur de l’histoire, avènement imprévu d’un événement imprévisible. Peut être avions-nous trop tôt oublié les paroles du Christ lui-même que l’Evangile du 21 août nous a rappelé : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. »

Ces JMJ 2011 sont la face visible de la rupture qui s’exerce depuis quelques années dans l’Eglise avec les débordements des affres post-conciliaires. Rupture avec les déviances liturgiques et les approximations théologiques. Cette rupture est caractérisée par un retour à la foi, un retour à la lettre de la réforme conciliaire, un retour au Christ et à son message. Ces JMJ ouvrent la voie à une joyeuse promesse, car si tous ces jeunes —et la jeunesse n’a pas d’âge— suivent avec fidélité le message du Saint-Père cela promet des œuvres passionnantes dans les années à venir.

Face à la révélation de cet aérodrome de Cuatro Vientos noir de monde —et ceux qui ont connu Le Bourget en 1980 pourront mesurer les changements inimaginables qui sont intervenus depuis— il n’est plus possible de parler de Vieille Europe. Cette expression, forgée pour faire croire à un déclin de l’Europe, et donc à un déclin du catholicisme, est désormais inopérante. C’est au contraire la Jeune Europe que nous avons vu, une Europe spirituelle, fière de ses racines et de son histoire, attachée à ses peuples, à ses pays —en témoigne la multitude des drapeaux nationaux agités par la foule et l’absence du drapeau européen— une Europe qui est toujours le moteur de l’histoire et dont la révélation de vigueur et de dynamisme n’a pas fini de créer la stupeur.

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