Rapport de l’Ifrap : libérer l’école

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samedi 22 octobre 2016

Ifrap, « Libérer nos écoles, nos collèges et nos lycées », Société civile, n°171, octobre 2016.

Un constat : le public plus cher que le privé

Ceux qui connaissent le sérieux et la pertinence des études de l’Ifrap ne seront pas déçus en lisant ce numéro de Société civile consacré à l’école. Le titre est à lui seul un programme : Libérer l’école. Et c’est effectivement de liberté que l’école a besoin, plus que de moyens.

Ici, l’Ifrap compare les systèmes éducatifs publics et privés, aussi bien dans son fonctionnement (nombre d’élèves et de professeurs), que dans ses coûts. Comme l’Ifrap l’avait déjà démontré, le système public est plus coûteux que le système privé avec un surcoût annuel de 34.5 Mds€. Celui-ci se décompose comme suit : 11.9 Mds€ de surcoût pour les retraites, 10.2 Mds€ pour la masse salariale et 12.4 Mds€ pour les dépenses locales.

Lorsque l’Ifrap avait démontré ce surcoût, ils avaient dû essuyer un grand flot de critiques ; mais leurs chiffres n’ont jamais été contredits.

Ainsi, un élève du 1er degré coûte 3 683€ par an dans le privé contre 6 842€ dans le public. Quant aux élèves du 2nd degré, ils coûtent 7 522€ par an dans le privé et 11 266€ dans le public.

Au regard de ce coût faramineux et en augmentation, il faut opposer des résultats en baisse constante, comme ne cesse de le démontrer les rapports Pisa de l’OCDE. À l’école, plus de dépenses ne se traduisent pas par plus de résultats.

Propositions pour plus de liberté

L’Ifrap propose une réorganisation complète du système éducatif en dotant les établissements d’une large autonomie en matière de recrutement et de gestion de leur personnel. Les collectivités locales dotent les établissements de moyens financiers et ceux-ci recrutent leur personnel avec des contrats de droit privé. Finis donc les concours et les affectations au gré des syndicats. C’est ici une révolution.

Charger les directeurs d’établissement d’évaluer leurs professeurs et lier la rémunération au mérite, comme cela se fait dans n’importe quelle entreprise. C’est finalement récompenser les meilleurs et sanctionner les mauvais, ce que font tous les professeurs avec leurs élèves.

L’Ifrap propose que les chefs d’établissement du public soient recrutés selon les mêmes conditions que ceux du privé et qu’ils puissent gérer le budget et l’embauche.

De même, l’Ifrap propose de permettre l’autonomie à des établissements publics volontaires. Ceux-ci recevraient un forfait par élève et pourraient gérer leurs personnels et leurs bâtiments.

Pour permettre la création d’écoles privées, l’Ifrap propose de supprimer la règle du 80/20 des accords Lang-Couplet et de favoriser le hors-contrat grâce à des incitations fiscales.

Des propositions irréalistes ?

Toutes ces propositions sont bien évidemment bonnes, mais toutes ne nous semblent pas faisables. Ainsi de l’idée de proposer l’autonomie à des établissements publics volontaires. C’est certes une très bonne idée, mais comment la réaliser ? Ces établissements n’appartiennent à personne. Qui va décider du passage à l’autonomie ? Surement pas le chef d’établissement, qui est un fonctionnaire parmi d’autres. Ni les collectivités locales, qui ne voudront jamais risquer de se mettre les écoles à dos.

De même pour la réduction fiscale de 50% pour les parents inscrivant leurs enfants dans le hors-contrat. D’une part, toutes les familles ne payent pas l’IR, donc ne sont pas concernées, d’autre part, même avec une remise de 50% cela est loin de couvrir les frais d’éducation. À titre d’exemple, pour une famille de trois enfants ayant deux enfants dans le secondaire et un au primaire, cela représente un coût de 18 727€. La réduction fiscale s’élèverait donc à 9 363€, à condition que ce couple paye ce montant-là comme impôt sur le revenu. Pourquoi alors ne pas proposer un paiement au forfait pour les établissements privés ? Lui seul permet de rétablir l’égalité entre les foyers qui ainsi ne paieraient pas deux fois l’école.

Connaissant la très forte réticence au changement de l’école publique bon nombre de propositions ne nous semblent pas réalisables, comme supprimer les rectorats et les académies ou modifier le modèle de recrutement des professeurs et des directeurs. Le mieux est peut-être de laisser cette structure mourir de sa belle mort et de favoriser à côté la création d’écoles privées pour prendre la relève.

Lire le rapport ici.

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