Patriotisme : peut-on aimer son pays ?

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jeudi 18 octobre 2018

La galaxie libérale a perdu l’un de ses membres la semaine dernière avec le décès d’Ivan Blot après plusieurs mois de lutte contre un cancer. Libéral un peu atypique, car il avait une grande admiration pour la Russie, alors que la plupart des libéraux français regardent plutôt vers les États-Unis. Il était membre du club de Valdaï, ancien député national puis député européen dans les années 1980-1990.

Il avait notamment contribué à la diffusion de l’œuvre de Friedrich Hayek en France. Membre du cabinet de Jacques Chirac lorsque celui-ci était maire de Paris, il avait organisé une rencontre entre les deux hommes en 1985 durant laquelle Hayek c’était vu remettre la médaille d’or de la ville de Paris. Nous avions le même éditeur, Bernard Giovanangeli, et c’est grâce à ce dernier que j’ai pu le rencontrer à plusieurs occasions. Auteur de plusieurs livres de philosophie politique, il défendait notamment la démocratie directe. En mars dernier, il publiait un livre consacré au patriotisme : Patriotisme et résistance nationale, qui posait une question simple : peut-on aimer sa patrie ? Dans moins d’un mois, nous allons commémorer le centième anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, et le moins que l’on puisse dire c’est que cet événement marquant ne semble pas passionner les foules. J’ai toujours été surpris de la différence d’approche sur ce sujet entre l’Angleterre et la France. En Angleterre, hommes politiques et journalistes portent les poppies en public, qui est en vente dans de nombreux kiosques.

En France, nous avons le bleuet de France, quasiment introuvable et pratiquement inconnu. Pourtant, le coquelicot pour les Anglais, le bleuet pour les Français sont les fleurs symboles de la lutte des soldats pour la défense de leur pays et donc de leur liberté. Aimer son pays, sa patrie semble en quelque sorte interdit, ce qui amène à s’interroger sur le vrai sens du patriotisme.

Le patriotisme n’est pas une idéologie

Il est normal d’aimer ses parents et sa fratrie ; c’est un sentiment qui dépasse la seule raison et la seule reconnaissance à l’égard de ce que nos parents nous ont donné. Il en va de même pour l’amour envers son pays. Ce n’est pas une idéologie, mais un sentiment humain, d’affection et de reconnaissance pour la culture, l’histoire, la langue, les conditions matérielles offertes par un pays où nous sommes nés. On se sent toujours plus proches des Français quand on est à l’étranger, plus à même de leur parler dans un métro de Londres ou un bus de Buenos Aires qu’on ne le ferait à Paris. Il y a la compréhension d’appartenir à une même communauté de destin, de partager quelque chose et donc de pouvoir se comprendre. Cette affection fait que l’on est prêt à donner sa vie pour son pays. C’est le sens de la Résistance et de la France libre instaurée dès la défaite de 1940.

On ne meurt pas pour des idées. Personne ne prendra les armes et ne livrera sa vie pour défendre la retraite par répartition, la sécurité sociale ou la laïcité. Pour défendre la France oui. C’est autour de la France que s’est faite l’unité nationale, en 1914 et en 1939, pas autour de la République ou de la défense de la constitution de 1875. Le charnel et le sentiment l’emportent sur l’institution.

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