Osons dire la vérité à l’Afrique

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jeudi 19 mars 2015

Avec la vigueur de style qu’on lui connaît, et sa grande connaissance du continent africain, Bernard Lugan nous propose un nouvel essai sur la situation africaine. Il s’agit cette fois-ci de démonter le mythe insidieux de la forte croissance économique du continent. Certes, quelques pays connaissent des taux de croissance attrayants, mais si la croissance est forte, c’est que les pays partent de peu.
En réalité, nous démontre Bernard Lugan, le continent stagne, voire régresse. Ainsi, entre 1981 et 2008, le PIB par habitant a diminué de 15% (chiffre de la BAD, Banque Africaine de Développement). La BAD explique également qu’un Africain sur 3 est membre de la classe moyenne, soit 370 millions de personnes. Mais les revenus de cette classe moyenne oscillent entre 2.2 et 20 $ par jour. L’Afrique, c’est 1.1 milliards d’habitant, dont 850 millions qui vivent dans la pauvreté.

Pourquoi cette pauvreté ? La corruption bien sûr, et le détournement de l’argent. Mais aussi une démographie incontrôlée. La population du continent a presque doublé depuis les indépendances, et cette croissance démographique ne suit pas la croissance économique et matérielle. À ces nouveaux nés, les pays ne sont pas en mesure d’apporter eau potable, nourriture, encadrement scolaire et emploi. Le continent connaît alors un fort exode rural, qui attire les populations vers les grandes villes littorales, où elles s’entassent dans des bidonvilles insalubres.

Avec d’autres, Bernard Lugan met aussi à jour la fausse bonne idée de l’aide au développement. Entre 1960 et 2014, le continent a reçu 2000 Mds$ d’aide. Soit en moyenne 35 Mds par an. À cela, il faut ajouter les aides privées et les annulations de dettes (97 Mds $ de remise de dettes en 2009 pour une dette totale de 324.7 Mds $). En 40 ans, l’Afrique a reçu l’équivalent de 20 plan Marshall (en $ constant). Cette aide est inutile, car souvent détournée, et elle enferme l’Afrique dans la dépendance.
Il serait plus pertinent de limiter le drame de l’émigration qui s’apparente bien souvent à une spoliation des cerveaux. Il y a ainsi plus de médecins maliens en France qu’au Mali. Beaucoup de pays d’Afrique de l’Ouest manquent de sages-femmes ou d’infirmières, parce que celles qui sont formées partent en Europe. Lorsque surgit le virus Ebola les pays ne sont pas en mesure de soigner les populations, non par manque de médecins africains, mais parce que ces médecins sont praticiens, pour un grand nombre d’entre eux, en dehors de l’Afrique. Face à ce vol des cerveaux, l’auteur n’hésite pas à parler de nouvelle traite négrière.

Bernard Lugan fait aussi litière des mirages américain et chinois. Ces pays ne permettront pas de développer le continent, parce qu’ils viennent pour bénéficier de ces ressources, non pour le mettre en valeur. Il en va de même pour le pétrole et les autres matières premières : non seulement leur exploitation crée peu d’emplois, mais étant très sujet aux fluctuations des cours mondiaux ils ne permettent pas d’assurer un développement pérenne.

La solution du développement de l’Afrique ne peut être que le fait des Africains eux-mêmes, débarrassées des modes idéologiques et des lubies imposées par les Occidentaux ou les Chinois.

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