Les Cent Jours d’Emmanuel de Waresquiel

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jeudi 11 septembre 2014

Il est rare qu’on lise un livre d’histoire pour le plaisir de la langue et la beauté du style. C’est pourtant ce qu’offre la belle étude qu’Emmanuel de Waresquiel consacre au Cent Jours. Dès l’introduction, et tout au long du livre, la tonalité du style et la beauté de la langue nous saisissent ; c’est un livre si bien écrit qu’on peut le lire indépendamment du sujet qu’il aborde.

En plus de cela, Emmanuel de Waresquiel opte pour un angle d’analyse original. Lui qui s’est illustré par les biographies de Talleyrand et de Fouché propose d’analyser les Cent Jours du côté du roi en exil. C’est de Louis XVIII dont il est question dans ce livre, de son départ de Paris, de son exil à Gand et de son retour dans la capitale. L’étude historique s’appuie sur un grand nombre de textes et de documents, émanant des archives de Belgique et des collections privées. C’est là l’autre grand intérêt du livre : non seulement il est très bien écrit, mais il est en plus un remarquable travail scientifique. Nous suivons pas à pas ces quatre mois, de mi-mars à début juillet 1815, où la France n’a pas su à quel monarque se vouer, ou la population oscille entre le retour au rêve bonapartiste ou le confort de la paix bourbonienne, et où les pays d’Europe regardent la France avec crainte et exaspération face à une histoire révolutionnaire qui ne semble pas s’achever.

Avec l’auteur nous entrons dans l’intimité de la cour de Gand, où s’est formée une partie de l’esprit du romantisme. Nous essayons de comprendre et de distinguer les atermoiements du roi, les hésitations de ses conseillers, les peurs de son entourage ; avec cette question toujours en suspens : l’exil est-il provisoire ou définitif ?

C’est finalement la force d’âme de Louis XVIII qui triomphe, probablement l’un des plus grands hommes d’État français du XIXe siècle. Mais son retour à Paris reste marqué de l’infamie des convois de l’étranger : le roi podagre a eu besoin des Anglais pour retrouver son trône, ce qui demeure une tache indélébile dans l’espoir de restauration des Bourbons. Les Cent Jours ne sont pas qu’une parenthèse dans l’histoire chaotique de la Restauration. Ils sont à la fois la fin d’un rêve, celui de l’Empire et de la France révolutionnaire, et la continuation d’un cauchemar : celui de l’impossibilité de fournir à la France un régime politique stable. Emmanuel de Waresquiel sait analyser avec brio toutes ces subtilités, toutes ces difficultés, et les expliquer avec une grande clarté au lecteur, qu’il soit un familier de la période ou un néophyte désireux de la découvrir.

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