Le temps long de la diplomatie du Vatican

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samedi 7 janvier 2017

Je propose ici aux lecteurs que cela intéresse un long article (50 000 signes) de réflexion sur le temps long de la diplomatie du Saint-Siège.

Pour en faciliter la lecture, l’article est en pièce-jointe en format PDF. Il peut être diffusé et cité, à condition d’en citer la source.

Ci-dessous l’introduction :

« [Le Vatican est] un insignifiant piédestal sur lequel se tient pourtant, les ailes déployées pour couvrir le monde entier, un pouvoir indépendant et souverain : respecté et estimé, ou soupçonné et combattu, mais qui s’impose par sa nature, son influence et son histoire . »

Le Vatican reflète le temps dans lequel il s’inscrit. Dans la basilique Saint-Pierre de Rome, c’est plus de deux mille ans d’histoire qui se superposent, partant de la propriété d’Agrippine et du circus vaticanus bâtit par son fils, l’empereur Caligula, en passant par la tombe de l’apôtre Pierre, la basilique de l’époque renaissance et la colonnade du Bernin. La présence et la continuité du temps est ce qui marque d’abord le visiteur. Le temps est l’élément essentiel de la puissance du Saint-Siège, car n’ayant pas de visée politique ou économique, il est, beaucoup moins que les autres États, soumis aux aléas et aux contraintes de l’immédiateté et du résultat rapide. Il a le temps pour lui et contre ses adversaires. Le temps est son principal allié et ce qui lui a permis d’affronter les immenses difficultés du XXe siècle. C’est l’un des plus anciens États du monde. Sa fondation officielle peut être datée de 754 quand, par le traité de Quierzy-sur-Oise, le carolingien Pépin-le-Bref accorde au pape Étienne II l’exarchat de Ravenne, fondant ainsi les États pontificaux. Ceux-ci perdurent jusqu’en 1870 et l’invasion de Rome par le nouvel État italien. C’est en 1929, par les accords du Latran, que l’Italie reconnaît l’existence du Saint-Siège et qu’elle lui accorde une souveraineté territoriale sur l’État de la cité du Vatican.

Précisons d’emblée la distinction entre Vatican et Saint-Siège, qui sont deux réalités juridiques différentes. Le Saint-Siège, ou Siège apostolique, désigne le gouvernement de l’Église catholique, à savoir le pontife romain et les organismes de la Curie . Il constitue une personnalité juridique reconnue dans le cadre de la communauté internationale, exerçant ainsi sa propre souveraineté. Le Siège apostolique possède la particularité d’être à la fois sujet de droit canonique et sujet de droit international. L’État de la Cité du Vatican, ou Vatican, est un État à part entière, territorialement défini par les accords du Latran en 1929 . Si, dans le langage courant, on emploi souvent les termes de Vatican et de Saint-Siège l’un pour l’autre, la distinction entre les deux est toutefois importante. Si la juridiction de la Cité du Vatican s’étend sur les territoires définis par les accords du Latran, celle du Saint-Siège s’exerce sur toute l’humanité. Le Pape et les diplomates de l’Église sont des citoyens du Vatican, mais ils exercent leurs charges pour le compte du Siège apostolique.

Le Vatican n’a en ses mains aucun des attributs classiques de la puissance : ni armée, ni force économique et financière, ni ressources naturelles. Et pourtant, c’est l’un des États qui a le plus de relations diplomatiques. Les voyages du Pape à l’extérieur de l’Italie font l’objet d’une grande couverture médiatique , et ses enseignements et ses discours sont répercutés, à défaut d’être toujours suivis. Une telle situation dans l’ordre des relations diplomatiques peut surprendre, si ce n’était sa longue histoire et son rôle central dans bon nombre de dossiers brûlants du siècle dernier, de la lutte contre les totalitarismes à la chute du bloc soviétique en passant par la question des indépendances nationales et de la décolonisation.

C’est son impartialité qui confère au Saint-Siège sa force et sa puissance ; elle qui s’appuie sur un allié de circonstance mais dont il sait tirer profit : le temps. Le temps de la sédimentation, d’une part, qui est celui de la constitution de son réseau. Le temps de la stabilité, que ce soit dans son gouvernement ou dans les buts qu’il se fixe. Enfin, le temps de la projection où, grâce à son impartialité, ses intérêts deviennent ceux de tous les hommes et de toutes les nations.

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