Le sang dans l’Antiquité

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lundi 23 novembre 2015

Rouge sang

L’Antiquité aime le sang. Peut-être pas plus qu’aujourd’hui, mais c’est toutefois l’image que nous en avons. Dans la tragédie des Atrides, c’est une famille qui se déchire et qui se tue, Agamemnon sacrifiant sa fille Iphigénie. C’est Hippolyte démembré aux morceaux dispersés, de même qu’Orphée, dont la tête hurle le nom de sa femme tandis que les flots de l’Euros l’emportent.
L’Antiquité, ce sont les guerres, les gladiateurs, les chrétiens jetés aux lions. Du sang ; et une couleur rouge vermillon qui gicle et qui drape l’époque de toge pourpre. Les Belles Lettres nous proposent un nouveau volume de leurs anthologies de l’Antiquité par les textes, ou comment effectuer un voyage thématique dans plusieurs siècles d’histoire et parmi des auteurs très variés.

Les deux auteurs, Lydie Bodiou et Véronique Mehl, ont sélectionné un corpus de textes antiques traitant du sang, où l’on découvre la multiplicité de ce fluide. Le sang est lié à la mort ou à la vie, il indique le défunt comme il peut être source de création. Le sang coule sur les champs de bataille et dans les sanctuaires : on sacrifie les héros à la patrie et les bêtes aux dieux. Le sang nourrit les dieux chtoniens, et il assure la liberté de la cité qui a vu ses fils tomber.
Le sang rattache aussi aux liens familiaux. C’est le sang des pères transmis aux fils, comme Enée qui quitte Troie pour fonder une nouvelle cité.

Il faut saluer le beau travail éditorial de cette collection. L’anthologie est un sujet délicat, car on peut toujours gloser sur tel ou tel choix, et surtout sur les absences de textes. Mais ici nous avons la possibilité de voyager à travers toute l’Antiquité, et de rencontrer les principaux auteurs, des origines à la chute de l’Empire. A chaque texte est liée une frise chronologique qui permet de situer l’auteur en son temps et par rapport aux auteurs majeurs de l’époque. On découvre ainsi mieux qu’ils ne sont pas seuls et que les écrivains s’inscrivent dans une chaîne d’or. De même, fait non négligeable, le papier est de bonne qualité, et la typographie agréable à lire. L’appareil critique propose une courte biographie des auteurs cités, ainsi que des pages de sources et des orientations bibliographiques. Au moment où certains veulent chasser le latin de l’école, voilà de quoi nous réconcilier avec l’antique.

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