Le désastre de l’école numérique

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jeudi 25 août 2016

Enfin, de plus en plus de voix s’élèvent contre les plans numériques à l’école qui visent à imposer l’usage du numérique, à coup de tablettes, de tableaux interactifs (TNI) et d’environnement numérique de travail (ENT). Ce livre est un des premiers à reprendre toutes les études qui ont été réalisées sur le numérique, et à démontrer que celui-ci est nocif pour l’enseignement.
L’usage du numérique à l’école est un désastre multiple.

Désastre pédagogique : il ne permet pas une amélioration des résultats scolaires. Pire même, le rapport Pisa 2015 démontre que plus un établissement utilise le numérique, plus ses résultats baissent.

Désastre financier : les coûts du numérique s’élèvent à plusieurs milliards d’euros. Quand on prend en compte l’équipement de tous les élèves, avec les dépenses d’investissement et de fonctionnement, on arrive à un gâchis financier colossal.

Désastre sanitaire : là aussi les études sont de plus en plus nombreuses pour démontrer que l’usage des écrans nuit au bon développement des enfants. Cela dépend de leur âge, bien sûr, mais il n’est pas sain d’exposer des enfants de maternelle et de primaire de longues heures face aux écrans.

Désastre écologique : la fabrication et le fonctionnement de ces outils nécessitent des ressources énergétiques importantes. De plus, on n’est pas encore capable de les recycler, tant les métaux sont imbriqués dans les appareils. Certes on consomme moins de papier, mais le numérique consomme énormément d’énergie, pour alimenter et maintenir ne serait-ce que les centres de données.

Rares sont ceux qui s’étonnent que les cadres de la Silicon Valley inscrivent leurs enfants dans des écoles sans écrans. Là est la véritable fracture numérique : aux pauvres les mauvaises écoles, celles qui font un usage quotidien du numérique, aux riches les bonnes écoles : celles qui bannissent les écrans. Les auteurs citent d’ailleurs une étude très intéressante qui montre que plus les familles sont pauvres, plus les enfants sont équipés en biens technologiques. La richesse, ici, est culturelle : c’est connaître les dangers et les limites du numérique, et savoir éduquer ses enfants à son usage.

Ce livre n’est absolument pas négatif ni moralisateur. Il est très bien écrit. Il cite de nombreuses études et ne porte jamais de jugement hâtif. En creux, il montre aussi l’absurdité de la centralisation éducative : les politiques décident, et les professeurs sont contraints d’appliquer des plans numériques dont ils ne veulent pas.

Espérons que l’ouvrage de Philippe Bihouix et Karine Mauvilly contribue à percer le mur des écrans et aide à revenir à des pratiques pédagogiques plus saines.

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