La révolution de l’impôt

Vous êtes ici : Accueil > Articles > La révolution de l’impôt

mercredi 25 juillet 2018

La Révolution française peut se lire comme l’aboutissement des luttes fiscales de la France médiévale et moderne. Tout débute par un schéma très classique, que nous avons déjà croisé au long de l’histoire de France : le roi a besoin d’argent pour financer la guerre (ici la guerre d’aide aux insurgés américains), il demande au Parlement de lui voter un nouvel impôt, celui-ci refuse de payer et se révolte contre lui. En 1789 se rejoue la Fronde, qui aboutit cette fois-ci. Elle dépasse même le cadre initialement prévu puisque le roi voit ses pouvoirs fortement limités, puis il est renversé et de nouveaux régimes apparaissent, sans que la marche révolutionnaire ne puisse être arrêtée. La question fiscale et financière est omniprésente dans les débats, et les gouvernements qui se succèdent entre 1789 et 1800 tentent différentes mesures pour essayer d’éviter la faillite.

Turgot : mettre un terme à l’injustice fiscale. Intendant du Limousin puis contrôleur général des Finances, Turgot s’essaye à des réformes audacieuses pour restaurer les finances du pays. Face au déficit grandissant, sa politique tient en quelques points : pas de faillite, pas d’emprunt et pas d’augmentation des impôts. Le salut ne doit venir que d’une gestion plus rigoureuse des deniers de l’État. Les ministères sont soumis à une rude cure d’austérité ce qui, bien évidemment, est loin de remporter l’adhésion des personnes contraintes. Le roi restreint les pensions accordées sans raison valable et tranche dans les dépenses superflues. Une telle cure d’austérité commence à faire grogner. Turgot s’essaye alors à une mesure audacieuse : abolir la corvée (1776). Cette contrainte apparaît complètement obsolète dans un pays qui a beaucoup changé. Pour Turgot comme pour Louis XVI, elle est une survivance injuste qui se fait au détriment des plus pauvres. Le Parlement refuse une telle mesure et motive son opposition en estimant que cette abrogation va contre la justice : « Le Noble consacre son sang à la défense de l’État et assiste de ses conseils le souverain. La dernière classe de la nation, qui ne peut rendre à l’État des services aussi distingués, s’acquitte envers lui par les tributs, l’industrie et les travaux corporels. » C’est l’argument de l’impôt du sang : puisque la noblesse participe à l’effort de guerre par la présence de sa personne sur les champs de bataille, elle n’a pas à verser l’impôt fiduciaire. Si cet argument était recevable au XIIIe siècle, il l’est beaucoup moins en 1776. Mais, attaqué par les corporations et les privilégiés, Turgot est contraint de céder.

Lire la suite.

Thème(s) associés :

Par Thèmes