La réforme du collège en quelques mots

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lundi 5 septembre 2016

Les principaux points de changement de la réforme du collège qui s’applique à cette rentrée.

Difficile de parler ici de réforme car ce n’est pas d’une amélioration qu’il s’agit mais d’une continuation de la casse éducative. Le plan Belkacem entrant en vigueur à la rentrée 2016 impose des changements d’horaire et de programme. Il est très complexe dans sa mise en application et vide un peu plus le collège de substance et de contenu.

Les modifications pédagogiques

On a beaucoup parlé des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires). L’idée est de croiser les disciplines pour apporter une autre approche éducative aux élèves. Dans les faits, ce genre de chose se révèle fumeux. Cela engendre perte de temps et ennui chez les élèves. Les EPI avaient déjà été testés à l’époque de Jack Lang, et ont été supprimés ensuite. Leur mise en application est compliquée : il y a 8 thèmes imposés et deux doivent être proposés pendant l’année. Donc les élèves pourront faire au maximum 6 thèmes (les EPI sont valables pour le cycle 4 du collège, qui comprend les classes de 5e/4e/3e).

L’autonomie des établissements

Beaucoup de personnes sont tombées dans ce leurre de l’autonomie des établissements, qui devraient aller dans le bon sens. Les textes prévoient que 20% de l’horaire soit laissé à la libre appréciation des chefs d’établissement. Mais les textes précisent bien que cette autonomie est régulée et fortement encadrée par la loi.
En réalité, l’autonomie se limite au choix des EPI : les établissements doivent choisir 6 modules sur les 8 proposés. Dans les 20% d’autonomie, ils doivent aussi organiser le soutien scolaire et des travaux en petits groupes. Nous sommes très loin de l’autonomie réelle nécessaire à l’école (libre recrutement des professeurs, liberté pédagogique).

« La réforme donne plus d’autonomie pédagogique aux établissements : c’est une marque de confiance envers les équipes éducatives, confiance nécessaire à la réussite de tous les élèves. Mais cette autonomie est fortement encadrée au niveau national, à la fois par un cadre organisationnel, avec des horaires nationaux et, surtout, par des contenus communs, à travers le nouveau socle commun et les nouveaux programmes. Il s’agit donc d’une autonomie régulée. »

Source

On appréciera ici le concept d’autonomie régulée.

Le latin et le grec

Dans les textes, ils sont maintenus. Dans la pratique il devient très difficile de les enseigner. Ces cours sont complètement saucissonnés au long du cycle 4. Il est prévu que des éléments de latin et de grec sont donnés en cours de français, pour montrer leur rôle dans la langue française.

Il est possible de suivre un EPI « Langues et cultures de l’Antiquité » et également, en complément, 2 heures en 4e et en 3e.

Possible donc, mais dans les faits comment concilier des niveaux très hétérogènes entre ceux qui auront fait l’EPI « Langues & Cultures » et les autres ? Et les emplois du temps sont tellement chargés, même si ce sont des cours inutiles, que rajouter deux heures d’option sera très lourd pour les élèves.

Le coût de la réforme

À la rentrée 2016, tous les programmes du CP à la 3ème ont changé. Ce qui signifie que les écoles vont devoir changer tous les manuels en une année. C’est la première fois qu’un changement de programme se passe en même temps à tous les niveaux ; normalement cela se fait par pallier. Au Primaire, les manuels sont à la charge des communes, au collège des départements. Le Syndicat National de l’Édition estime le coût du renouvellement à 300 millions d’euros pour l’école, et 480 millions € pour le collège, soit 780 M€. L’État n’a pas prévu de budget pour financer ces achats. Où l’argent sera-t-il trouvé ? D’autant que les budgets scolarité des communes sont déjà étranglés par la réforme des rythmes scolaires qui coûtent très cher.

Le ministère prévoit l’embauche de 4 000 postes d’enseignants pour mettre en place la réforme. Cela représente une masse salariale d’environ 180 M€. Là aussi, où l’Etat va-t-il trouver l’argent ? Et les 4 000 personnes supplémentaires ? Sachant que, chaque année, dans les concours de l’éducation, il y a moins de candidats que de poste à pourvoir.

L’esprit de la réforme

Comme toujours, il s’agit de lutter contre les inégalités et les stéréotypes et de diffuser les valeurs de la République. La lecture des documents officiels du Ministère permet de se rendre compte du jargon absurde et pavlovien qui est sans cesse employé.
Les EPI ont une autre finalité. On le sait, l’Education nationale n’arrive plus à embaucher et beaucoup de classes se retrouvent sans professeur.

La mise en place de ces enseignements pluridisciplinaires est une rustine destinée à préserver le bateau ivre. Il y a de grandes pénuries en mathématiques et en physique. On va donc pouvoir faire des EPI proposant des liens entre les disciplines scientifiques et le sport. Comme les étudiants en Staps sont très nombreux (c’est une des filières les plus demandées) cela permettra de leur trouver de nouveaux débouchés, tout en palliant le manque de professeurs dans les autres disciplines. Sous couvert d’avancée pédagogique, c’est surtout un moyen de colmater les brèches.

Le numérique

Evidemment, il ne saurait y avoir de réforme du collège sans adjonction forcée de numérique. C’est toute la République qui se mobilise pour la numérisation du collège, afin que tous les collégiens puissent disposer d’une tablette à la rentrée 2018. Problème : tous les rapports et études universitaires ont démontré que le numérique à l’école était inutile. L’enquête Pisa 2015 a même constaté que plus les établissements adoptaient le numérique plus leurs résultats baissaient.
Qu’importe : le numérique est un dogme, couteux et dangereux, il doit donc s’appliquer.

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