La guerre civile européenne

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jeudi 25 avril 2013

La guerre civile européenne d’Ernst Nolte est un ouvrage fondamental sur la compréhension du système totalitaire. Publié en 1987 en Allemagne, traduit en français en 1990, il a valu de nombreuses attaques à son auteur, car pour la première fois un historien osait montrer le lien entre communisme et nazisme. C’est un gros volume, d’apparence rebutante. Mais pour ceux qui veulent comprendre ce système et cette période sa lecture est indispensable. Les thèses développées par l’auteur n’ont pas été infirmées, même si quelques correctifs peuvent être apportés ici ou là. Je publie ici quelques notes prises lors de la lecture de cet ouvrage. Il y a forcément un côté parcellaire à ces notes, mais cela donnera je l’espère à certains l’idée de se plonger dans ce grand travail d’historien.

L’auteur a la volonté de comprendre le nazisme en l’inscrivant dans le contexte de l’époque. Il montre qu’il existe un lien entre le nazisme et le communisme, le premier étant une réaction contre le second.

Le crime de masse est indispensable aux régimes totalitaires, il est le passage à l’acte fondateur des totalitarismes.

La révolution bolchévique prône une guerre civile, en Russie et en Europe. Volonté d’exterminer la bourgeoisie.

« Des quelques cent millions d’hommes que compte la population de Russie soviétique il nous faut en gagner quatre-vingt-dix à notre cause. Nous n’avons pas à parler avec les autres, nous devons les exterminer. » Zinoviev, 1918.

Zinoviev est juif et il est président du soviet de Leningrad. Proche de Staline, il s’associe avec lui pour évincer Trotski. Il espère succéder à Lénine mais en vain. Il est arrêté par Staline en 1936 et jugé lors des grandes purges, où il est condamné à mort.

Le communisme est une idéologie anti-nationale, ce qui a nourrit de violentes passions nationales, notamment en Allemagne. La violence des bolcheviks entraîne la violence des nazis (montée aux extrêmes et désir mimétique, phénomènes expliqués par Clausewitz et René Girard).

En 1933 il n’est plus possible de sauver la république de Weimar : le parti nazi et le parti communiste sont largement majoritaires et tout deux veulent la fin de cette république. Si ces partis sont puissants c’est qu’ils ont l’assentiment du peuple. Comment sauver la démocratie quand le peuple lui-même n’en veut pas ? Comment maintenir un régime qui n’est voulu que par une élite restreinte ? La démocratie est du côté du communisme et du nazisme, et non pas de la bourgeoisie libérale. La démocratie libérale n’a pas le soutien du peuple en Allemagne, alors même qu’elle prétend parler en son nom. Le peuple, dans les années 1930, est du côté du communisme et du nazisme. C’est une erreur de paradigme que de voir ces régimes comme antidémocratiques. Rien n’est plus faux. Ils ont besoin du peuple pour arriver au pouvoir, et ils font sans cesse référence au peuple pour se maintenir, même s’ils le martyrisent.

Pour les Allemands, c’est le communisme qui est vraiment radical et dangereux. Il veut détruire l’État, détruire la classe bourgeoise, détruire l’ordre allemand. Les nazis sont un peu radicaux mais le danger apparaît moindre que le communisme. Beaucoup d’Allemands font le choix de ce parti comme moindre mal, sachant que la bourgeoisie libérale et la démocratie sont condamnées.

La nuit des longs couteaux de 1934 n’a rien à voir avec les purges staliniennes de 1937-1938. Les quelques camps de concentration allemands ne sont pas grand-chose face aux goulags communistes. Jusqu’en 1938 l’Allemagne est un pays à peu près normal. Ce n’est qu’avec la guerre que le régime nazi devient un régime fondamentalement répressif. Le génocide des juifs commence. Les camps d’extermination s’ouvrent, la population carcérale augmente fortement.

Hitler est opposé aux juifs par anti bolchévisme, on compte en effet de nombreux juifs parmi les dirigeants communistes, et notamment Lénine, Trotski et Zinoviev. Il propose une doctrine de régénération du monde, il vise au salut du monde par l’élimination des juifs. Au début du nazisme, l’antisémitisme de cette idéologie est plus un anti-bolchévisme qu’un antisémitisme racial.

Ne pas oublier le caractère endogène et particulier du nazisme et du fascisme. La réaction bolchévique a sa part, mais une part seulement. Nazisme et fascisme sont des idéologies authentiquement révolutionnaires. Elles s’inscrivent dans une spécificité nationale. Le communisme au contraire s’inscrit dans une perspective internationale. Nazisme et fascisme visent à étendre l’Allemagne et l’Italie mais pas tellement leur doctrine. C’est là une des différences majeures avec le communisme.

La matrice révolutionnaire des régimes totalitaires est indispensable à comprendre pour cerner ces idéologies. La révolution est auréolée d’un véritable mythe. Soutenir la révolution est donc vu comme quelque chose de positif. La révolution va de pair avec la modernité, et notamment avec le futurisme italien. Voir en cela les travaux d’Emilio Gentile déjà cité sur ce site.

« Le communisme est intrinsèquement pervers et l’on ne peut admettre sur aucun terrain la collaboration avec lui de la part de quiconque veut sauver la civilisation chrétienne. » Pie XI, Divini redemptoris, n. 58.

Enfin, quelques citations de Stéphane Courtois, issues du Livre noir du communisme, pour approfondir la réflexion sur ce thème.

« Il est donc faux de prétendre que le communisme soit un universalisme : si le projet a vocation mondiale, une partie de l’humanité y est déclarée indigne d’exister, comme dans le nazisme ; la différence est qu’un découpage par strates (classes) remplace le découpage racial et territorial des nazis. » Stéphane Courtois, Le livre noir du communisme.

« Face à la propagande communiste, l’Occident a longtemps fait preuve d’un aveuglement exceptionnel, entretenu à la fois par la naïveté face à un système particulièrement retors, par la crainte de la puissance soviétique, et par le cynisme des politiciens et des affairistes. » Stéphane Courtois, Le livre noir du communisme.

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