L’union des Grecs et des Latins

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samedi 28 décembre 2013

DECRET SUR L’UNION ENTRE LES EGLISE GRECQUE ET LATINE DU CONCILE DE FLORENCE Florence, 6 juillet 1439

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Parchemin, 751x590 mm (plica : 30 mm), état de conservation relativement bon. Le document porte la bulle papale apposée par un fil de soie (rouge et jaune), alors qu’un fil rosé était prévu pour le sceau impérial, qui semble n’avoir jamais été attaché. ASV, A.A., Arm. I‑XVIII, 397

Les différentes phases de ce qu’on appelle communément le concile de Florence eurent lieux à Ferrare, Florence et Rome entre 1438 et 1445. Dans la cité toscane, en particulier entre 1439 et 1443, des travaux synodaux se déroulèrent en présence du pape Eugène IV et de l’empereur d’Orient Jean VIII, en vue d’unir les Grec et les Arméniens aux Latins.

Les questions théologiques qui opposaient les Eglise grecque et romaine (la procession du Saint-Esprit, le terme Filioque du Symbole, le principe de l’eucharistie, les quatres fins de l’homme,la primauté du pape), se rapprochèrent notablement après les premiers mois de débat, grâce aux interventions des prestigieux Pères latins (parmi lesquels le cardinal Bessarione). A la fin du mois de juin 1439, le cardinal Cesarini pouvait ainsi informer l’assemblée conciliaire d’un accord entre Latins et Grecs sur tous les points en discussion. Il ne restait plus qu’à rédiger le décret, ou la bulle d’union. Cette tâche fut confiée à une commission mixte, latine et grecque, qui travailla sur le texte du 28 juin au 4 juillet. On prépara 5 ou 6 exemplaires du texte définitif, qui fut lui dans la cathédrale florentine après la messe célébrée par le pape : « Ce texte - rapportent les Practica du Concile – a été lu en latin par le cardinal Giuliano de Santa Sabina [Cesarini] et en grec par Bessarione, archevêque de Nicée. Nous [les Latins] embrassons et baisons les genoux et la main droite du pape ; ayant revêtu des saintes parures, nous nous saluons et nous embrassons les uns les autres. Nos chanteurs entonnent Laetentur coeli et le Gloria ».

Les premiers exemplaires du décret d’union (en latin et en grec) furent signés par le pape et l’empereur, qui y apposèrent leurs sceaux respectifs ; ils portaient en outre les signatures de nombreux Pères synodaux présents (un de ces précieux documents, parmi les plus complets qui nous soient parvenus, est conservé à la bibliothèque Laurenziana de Florence). Immédiatement après la publication et la lecture solennelle du décret d’union, on prépara d’autres exemplaires à adresser aux églises de rite latin et grec pour répandre la nouvelle du succès de l’unification ; certains de ces documents furent de nouveau signés et scellés par le pontife et par l’empereur, auxquels se joignèrent les prélats encore présents à Florence.

Deux de ces exemplaires secondaires sont conservés aux Archives Secrètes Vaticanes, d’autres à la bibliothèque Vaticane, ou encore à Bologne, Paris, Karlsruhe, Londres, Florence (Archives d’Etat) et Venise. Le présent document est l’un des originaux élaborés à Florence après la proclamation de l’union ; il porte la « Rota » pontificale (avec la légende d’Eugène IV : + Adiutor et protector meus es tu Domine, ne derelinquas me Deus), la soucription du pape (Ego Eugenius catholice ecclesie episcopus ita diffiniens subscripsi), celle de l’empereur Jean VIII Paléologue, qui, comme le veut la pratique byzantine, est en cinabre, et enfin 36 autres soucriptions d’autant de Pères synodaux. La bulle papale a été apposée au document par un fil en soie (rouge et jaune), et il était également prévu d’y attacher celle de l’empereur (en or) pour lequel on avait prévu le fil en soie rosée ; il semble cependant qu’on n’ait eu le temps ou l’occasion de le faire, à en juger par le parfait état de la cordelette.

Parmi les passages les plus significatifs de la volonté d’union qui animait autant les Latins que les Grecs, on peut citer celui qui figure dans la première partie du décret, où on aborde les difficultés matérielles rencontrées par les orientaux pour arriver à Florence, même poussés par le désir de l’unité ancienne de l’église catholique (partie de gauche, ligne 8 : Ecce enim Occidentales Orientalesque patres post longissimum dissensionis atque discordie tempus, se maris ac terre periculis exponentes, omnibusque superatis laboribus, ad hoc sacrum ycumenicum concilium desiderio sanctissime unionis et antique caritatis reintegrande gratia, leti alacresque convenerunt).

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