L’obsession des frontières

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samedi 5 octobre 2013

Dans L’obsession des frontières, le géographe Michel Foucher étudie la formation et le fonctionnement de ces lignes et de ces zones qui délimitent les États entre eux. Depuis 20 ans, le monde se dresse de frontières : c’est l’art de créer des limites. La frontière forme des nouveaux États, elle bâtit des paramètres de souveraineté, elle clôture. En dépit du mouvement de mondialisation, les frontières sont de retour, et elles sont omniprésentes.
Ainsi, depuis 1991, plus de 28 000 km de nouvelles frontières internationales ont été institués.
Aujourd’hui il y a 250 000 km de frontières terrestres, et 323 frontières interétatiques. La fragmentation de l’espace géopolitique mondial est due aux principes d’autodétermination qui l’emportent en de nombreux endroits. On crée une frontière pour espérer résoudre un problème. Dans le même temps, les menaces de guerre sur les frontières permettent de créer de la cohésion autour d’un leader national, qui peut ainsi justifier sa mainmise, voire sa politique autoritaire.

La frontière peut faire gagner de l’argent aux États avec les droits de douane et les services. Certaines entreprises gagnent de l’argent grâce au transfert financier, tel Western Union, qui peut facturer jusqu’à 15% les montants transférés. Ce pose alors la question de la légalité des flux financiers et des trafics transfrontaliers qui peuvent en naître. En abolissant les frontières externes, on crée de nouvelles frontières internes, notamment des points de surveillance : ports, aéroports, plate-forme de logistique.
La disparition de la frontière ligne ne suppose pas la disparition d’autres frontières, notamment celles qui sont culturelles ou identitaires. Ces frontières-ci peuvent demeurer, voire s’accroître.
Michel Foucher propose une belle définition de la frontière : « Les frontières sont du temps inscrit dans l’espace ; elles restent des buttes-témoins du passé ou des fronts vifs, selon les conjonctures locales, toujours des lieux de mémoire et parfois de ressentiment. » (p. 25)

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