L’action de Sant’Egidio

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samedi 5 mai 2018

L’action de Sant’Egidio

L’action diplomatique du Vatican s’appuie également sur des communautés de religieux et de laïcs, très actives sur les théâtres d’opération sanglants du globe. La plus connue et la plus importante est la communauté de Sant’Egidio. Fondée en 1968 par Andrea Riccardi à Rome, cette communauté de laïcs a pour objectif de lutter contre la pauvreté, de porter assistance aux prisonniers et aux personnes âgées, et de mener des actions d’éducation dans les quartiers populaires. Elle a été reconnue comme association de laïcs par l’Église en 1986.

C’est elle qui a organisé la réunion d’Assise, en 1986, où des chefs spirituels de nombreuses communautés religieuses se sont retrouvés autour du pape pour prier pour la paix dans le monde. Sant’Egidio mène de nombreuses opérations d’offices et de médiations dans bon nombre de conflits du monde. Elle est un peu le bras officieux du Saint-Siège dans les relations internationales. Plusieurs de ses membres ont été reconnus au niveau international. Mario Giro, responsable des relations internationales, a reçu en 2010 le prix de la Fondation Chirac pour la paix et le dialogue entre les cultures. Quant à Andrea Riccardi, il fut nommé ministre de la coopération internationale par Mario Monti en 2011. En mai 2013, Mario Giro est entré à son tour dans le gouvernement italien, au poste de Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères. Ses fonctions ont été confirmées par Matteo Renzi en février 2014. Sans être les figures de l’entrisme du Vatican dans le gouvernement italien, ils sont les nouveaux types de l’Europe violette des années 1950 . Cette fois, ce ne sont plus les évêques qui mènent la politique italienne et européenne mais les laïcs.

Mario Giro est personnellement intervenu comme médiateur en Côte d’Ivoire en 2007 pour trouver une sortie de crise à l’affrontement entre Laurent Gbagbo et Guillaume Soro.

« C’est la première fois qu’est signé un accord inter-ivoirien, sans date butoir, et en allant au fond des problèmes ”, confiait dimanche 4 mars à La Croix, depuis la salle de conférence de Ouagadougou, Mario Giro, membre de la communauté de Sant’Egidio.
L’organisation catholique avait été désignée par les parties comme facilitateur en compagnie de deux officiels burkinabés. Ils ont été les seuls intervenants extérieurs à participer aux dix derniers jours des négociations.
“ Nous avons aidé et accompagné la facilitation. L’accord entre ceux qui se combattent a été construit, par eux, dans le calme, en allant au bout des discussions et en maîtrisant la gestion du temps”, explique Mario Giro . »

La Côte d’Ivoire n’est pas le seul lieu du monde où Mario Giro et Sant-Egidio sont intervenus. Il fut aussi actif au Mozambique, en Algérie, au Libéria, au Kosovo, au Burundi, au Niger et en Guinée. La discrétion et l’efficacité de ces laïcs égales celles des diplomates du Vatican. Ils ont l’avantage de ne pas agir au nom du Saint-Siège, donc d’être plus libres dans leurs interventions, même s’ils respectent toujours les directions données par le pape.

L’action de Sant’Egidio concerne aussi bien des pays catholiques que musulmans, comme l’Algérie, ce qui montre que la communauté est reconnue par de nombreux pays et acteurs diplomatiques de par le monde. Ses réussites multiples contribuent à renforcer son aura, d’autant que cela se fait toujours dans la discrétion. Si Sant’Egidio n’est pas le bras armé du Saint-Siège sur la scène internationale, il s’inspire largement de sa pensée, afin de bâtir une communauté de fraternité et de paix.

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