L’Occident et ses valeurs (2/4)

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mercredi 17 avril 2013

Je poursuis l’analyse du Choc des civilisations.

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L’Occident et ses valeurs

Ce que l’Occident perçoit comme de l’universalisme est vu comme de l’impérialisme ailleurs. Les valeurs occidentales ne sont pas toujours attirantes pour les autres peuples, notamment le matérialisme et l’individualisme. Même la démocratie et les droits de l’homme ne sont pas toujours attirants. L’Occident ne parle plus de monde libre mais de communauté mondiale, mais à travers cette expression ce sont bien les valeurs occidentales que l’on défend.

Le monde a connu une grande vague de démocratisation dans les années 1990. Plus de 30 pays deviennent des démocraties, mais ce sont tous des pays chrétiens ou bien fortement influencé par le christianisme.
La démocratie peut elle-même se retourner contre l’Occident et donner le pouvoir à des régimes antioccidentaux, comme c’est le cas dans les pays arabes.

« Comme les dirigeants occidentaux ont compris que le processus démocratique dans les sociétés non occidentales suscite des gouvernements hostiles à l’Occident, ils s’efforcent d’influencer ces élections et mettent moins d’ardeur que naguère à défendre la démocratie dans ces sociétés. » p. 289

L’islam et l’Occident

« Au XXe siècle, le conflit entre la démocratie libérale et le marxisme-léninisme n’est qu’un phénomène historique superficiel en comparaison des relations sans cesse tendues entre l’islam et le christianisme. Parfois, c’est la coexistence pacifique qui a prévalu ; plus souvent, ce fut la rivalité intense et la guerre, plus ou moins violente. » p. 306

L’islam est la seule civilisation qui a mis en danger l’existence même de l’Occident, et cela à deux reprises. Du XVe siècle au XXe siècle l’Europe a pris sa revanche et s’est libérée de la tutelle musulmane et lui a même pris des terres. Au début du XXe siècle seuls quatre pays musulmans ne sont pas sous domination européenne. Puis le reflux s’amorce, avec les décolonisations. Aujourd’hui, la ligne de partage du XVe siècle est retrouvée.

« Les causes de cet affrontement séculaire ne résident pas dans des phénomènes transitoires comme l’élan passionnel des chrétiens au Xe siècle ou le fondamentalisme musulman au XXe. Elles tiennent à la nature même de ces deux religions et des civilisations fondées sur elles. Le conflit est un produit de leur différence, en particulier de l’idée musulmane de l’islam comme mode de vie transcendant, unifiant religion et politique par opposition à la conception chrétienne de la séparation du spirituel et du temporel. Le conflit vient aussi de leurs similarités. L’islam et le christianisme sont tous deux des religions monothéistes. Tous deux sont universalistes et prétendent incarner la vraie foi, à laquelle tous les humains doivent adhérer. Tous deux sont des religions missionnaires dont les membres ont l’obligation de convertir les non-croyants. Depuis ses origines, l’islam s’est étendu par la conquête et, le cas échéant, le christianisme aussi. » p. 308-309

« Tant que l’islam restera l’islam (ce qui est certain) et que l’Occident restera l’Occident (ce qui l’est moins), ce conflit fondamental entre deux grandes civilisations et deux modes de vie continuera à influencer leurs relations à venir, tout comme il les a définies depuis quatorze siècles. » p. 310

Faut-il alors renier le christianisme pour éviter la guerre ? Non, c’est exactement l’inverse. Le communisme sans Dieu fut l’ennemi de l’islam, c’est désormais l’Occident sans Dieu. Le matérialisme, le libertinage, la décadence morale nourrissent le ressentiment de l’islam à l’encontre de l’Occident. C’est donc seulement en retrouvant sa foi que l’Occident, et notamment l’Europe, pourra mettre un terme au conflit qui l’oppose à l’islam.

« Le problème central pour l’Occident n’est pas le fondamentalisme islamique. C’est l’islam, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de la supériorité de leur puissance. Le problème pour l’islam n’est pas la CIA ou le ministère américain de la Défense. C’est l’Occident, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de l’universalité de leur culture et croient que leur puissance supérieure, bien que déclinante, leur confère le devoir d’étendre cette culture à travers le monde. Tels sont les ingrédients qui alimentent le conflit entre l’islam et l’Occident. » p. 320

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