L’Afghanistan, pivot géostratégique du monde

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jeudi 31 janvier 2019

L’Afghanistan demeure ce qu’Halford Mackinder a appelé « le pivot géostratégique du monde » ; une zone incontrôlée autour de laquelle se déploient les enjeux contemporains. Ce pays de montagnes et de vallées profondes a été le tombeau de nombreux empires. Les États-Unis ont échoué dans le contrôle du pays, comme les Soviétiques avant eux entre 1980 et 1988. Ils auraient pu méditer la défaite subie par les Anglais en juillet 1880 à la bataille de Maiwand, durant la seconde guerre anglo-afghane, où fut blessé le célèbre docteur Watson, alors médecin militaire. Zone tampon entre l’Empire russe et l’Empire britannique, l’Afghanistan n’a jamais été contrôlé par une puissance occidentale. Les armées se sont arrêtées au nord et au sud, en faisant une marche, une zone grise, servant de glacis sécuritaire entre les empires. En 1885, cinq ans après Maiwand, les Russes ont achevé leur expansion militaire dans l’oasis de Panjdeh, dessinant alors la frontière turkméno-afghane. De l’autre côté de l’Afghanistan s’ouvrait l’Empire britannique, qui contrôlait le Pakistan, l’Inde et le Bangladesh actuels. Cette frontière de confins est toujours dessinée aujourd’hui. Les lignes fixées par l’histoire n’ont pas été effacées au cours des dernières décennies.

La horde et la ville

Parmi les classiques de la géopolitique, il y a l’étude de l’affrontement entre les nomades et les sédentaires. Les sédentaires habitent les villes et contrôlent le plat pays, c’est-à-dire les environs de la ville, d’où ils tirent leur puissance agricole. La ville est le lieu des échanges, des marchés, des confrontations intellectuelles. C’est là que se développent les universités, mais aussi l’imprimerie, les librairies et les cafés. Les nomades vivent de razzias, de vols, mais aussi de commerce, à travers leurs caravanes. Les nomades enrichis s’installent dans les villes, comme le démontre l’exemple des Arabes. L’Asie centrale est bien le pays de la steppe, de la végétation rase qui permet de voir à des centaines de kilomètres, le pays des vents et des grandes amplitudes thermiques : très chaud l’été et très froid l’hiver. Elle conjugue à la fois l’hostilité et la beauté fascinante des paysages. C’est le territoire de l’ordre et de la horde. L’écrivain anglais Rudyard Kipling, qui est né aux Indes, a popularisé l’expression « Grand jeu » dans son roman Kim (1901) pour désigner la rivalité entre les Russes et les Anglais dans ce ventre mou que personne n’a réussi à tenir. Depuis, le Grand jeu est devenu l’une des expressions de la géopolitique pour désigner les rivalités de puissances dans un espace donné.

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