Histoire du fascisme

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lundi 11 juin 2018

Le fascisme est une idéologie révolutionnaire, inspirée du socialisme et née de la Grande Guerre. Il s’inscrit dans la tradition de la gauche anticléricale et moderniste. Il puise une partie de ses racines dans la Révolution française et dans la pensée de Rousseau. Mussolini lui-même appartient au courant socialiste, ainsi que les premiers membres du Parti National Fasciste (PNF).

Mussolini, comme ses fidèles, est républicain et jacobin. C’est une tendance lourde de cette idéologie, qui dure jusqu’au renversement de la République Sociale Italienne (RSI), éphémère régime politique qui dura de 1943 à 1945. Beaucoup de fascistes ont d’ailleurs reproché à Mussolini d’avoir dévié du socialisme en 1922, et de s’être compromis avec les forces capitalistes afin de prendre le pouvoir. D’où le renversement de Mussolini en 1943, avec l’aide du roi et des dirigeants fascistes. À partir du moment où Mussolini est évincé, le régime s’effondre rapidement. Néanmoins, le fascisme ne se confond pas avec le mussolinisme, car il a une autonomie intellectuelle et politique. Mussolini est l’un des fascistes, qui a dû concilier des tendances variées tout au long de son gouvernement.

Le fascisme est beaucoup moins oppressant que le communisme et le nazisme. Il y eut peu de répressions en Italie, ce qui fait douter certains historiens de son caractère totalitaire (par exemple Hanna Arendt). Mais il faut distinguer les périodes. Le régime se durcit à partir de 1938 et il combat beaucoup plus les opposants politiques. Il y a plusieurs périodes et il y a plusieurs tendances du fascisme. Toutefois, il demeure comme étant l’idéologie de l’État. Il veut tout contrôler : les structures économiques, éducatives, religieuses. Il s’en prend à l’Église et aux mouvements de jeunesse. Mussolini n’a jamais cessé d’être socialiste.

L’idéologie fasciste se nourrit du socialisme. Elle propose une autre modernité : antilibérale, antiparlementaire, anticapitaliste. Une modernité issue de la Révolution française qui se veut moderniste, qui cherche à rompre avec les structures traditionnelles pour bâtir un homme nouveau et une société nouvelle. En cela, le fascisme n’est pas réactionnaire, mais bien révolutionnaire.

Né de la Première Guerre mondiale, il est porté par une génération qui a connu le feu de la guerre. Il est aussi le fruit de l’histoire de l’Italie, celle du Risorgimento et de la construction de l’unité italienne. En 1922, l’Italie est un État récent et fragile qui a à peine une soixantaine d’années. Le fascisme a disparu en 1945. Par un curieux jeu du combat politique, la gauche a repris ce terme pour l’accoler à ses adversaires, traitant de fascistes les mouvements défendant le capitalisme et le libéralisme, alors même que les fascistes n’ont cessé d’attaquer ces idées. Depuis que le fascisme est mort, on ne cesse de parler de lui et de le dénoncer.

Frédéric Le Moal propose ici une brillante étude sur le sujet, reprenant l’historiographie la plus récente. Spécialiste de l’Italie et des régimes totalitaires, sujets sur lesquels il a déjà publié plusieurs ouvrages, son travail propose une vision actualisée de l’étude du fascisme, replaçant bien cette idéologie dans son cadre révolutionnaire et socialiste. Il démontre bien le projet moderniste et constructiviste de cette idéologie, qui n’a rien à voir avec des régimes conservateurs et autoritaires connus au même moment en Europe, comme le régime franquiste.

Son Histoire du fascisme permet de comprendre l’origine et les évolutions de cette idéologie, qui a inspiré un certain nombre de penseurs des années vingt et trente, mais qui, défaite militaire oblige, n’a pas eu de postérité en Europe. La rapidité avec laquelle les Italiens se sont débarrassés de leur costume fasciste témoigne aussi du fait que ce régime, en dépit de sa durée et de sa cohérence, n’a pas réussi à s’imprégner en profondeur dans les esprits.

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