Géopolitique du catholicisme

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lundi 22 juillet 2013

Les JMJ de Rio s’inscrivent dans un cadre plus large de la géopolitique du catholicisme. Pour terminer notre série, nous vous proposons une étude d’Aymeric Chauprade sur ce sujet, publié en mai 2013 sur le site Real Politik.

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L’annuaire pontifical 2012 estime le nombre de catholiques dans le monde à 1,2 milliards, un poids démographique équivalent à celui de la Chine, soit un peu moins du cinquième de la population mondiale. La religion catholique continue son expansion, mais de manière non uniforme puisqu’elle progresse en Asie, en Afrique et en Amérique du Nord, mais continue cependant de reculer en Europe et en Amérique Latine, des aires qui lui furent longtemps historiquement acquises. La Providence ne faisant jamais les choses par hasard, il est notable que le nouveau pape François, vient lui aussi, comme Benoît XVI, d’une aire géographique où le catholicisme cède du terrain.

Le premier défi géopolitique que les diplomaties de Jean-Paul II puis Benoît XVI se sont efforcées de relever, tient à la résistance des cultures nationales à l’influence de l’Église catholique.

Dans les mondes orthodoxe et asiatique, le catholicisme est souvent associé à l’impérialisme occidental. Deux fractures historiques fortes expliquent cette résistance. Pour le monde orthodoxe, au XIe siècle, le schisme religieux Rome/Byzance et la première croisade. Pour l’Asie, à partir du XVIe siècle et de l’ouverture des grandes routes maritimes, les tentatives de colonisation européenne.

La Contre-réforme, à la fois pour endiguer le processus d’éclatement de la Chrétienté et reconstituer l’influence de l’Église catholique en Europe orientale et au Proche-Orient, lance une stratégie d’unification des Églises orientales à Rome. Elle parvient à reprendre à l’Orthodoxie une partie des fidèles : là est l’origine des Églises uniates. Aujourd’hui, les orthodoxes ukrainiens, russes et roumains considèrent que ces églises sont encore l’instrument des peuples catholiques, Polonais, Autrichiens et Hongrois, tandis que les catholiques uniates (unis à Rome mais de rite oriental) reprochent aux patriarcats orthodoxes d’avoir profité de l’ère communiste pour s’emparer de leurs biens et de leurs églises.
Jean-Paul II avait commencé à réparer les relations catholiques/orthodoxes en tendant la main au patriarcat orthodoxe de Bucarest dans l’espoir que les Uniates roumains (2,5 millions au début de l’ère communiste, 200 000 aujourd’hui) puissent récupérer, comme l’avaient fait avant eux les Uniates ukrainiens (5,5 millions sur 48 millions d’habitants de l’Ukraine) les milliers d’églises confisquées par les communistes au profit du clergé orthodoxe ; en vain, puisqu’il s’était heurté, comme en Russie (1,5 million de catholiques), à l’hostilité des patriarcats orthodoxes. Les guerres des Balkans et le rôle du Vatican en faveur des émancipations slovène et croate n’avaient guère arrangé les relations.

Benoît XVI, convaincu de l’importance stratégique de la réconciliation catholiques/orthodoxes est parvenu à améliorer les relations et a su obtenir la confiance et la reconnaissance des patriarcats orthodoxes.

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