Faut-il découper l’histoire ?

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lundi 2 mai 2016

Jacques Le Goff s’interrogeait sur la partition de l’histoire en grandes périodes. La Vie des Idées revient sur son dernier livre.

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Il est sans doute inutile de présenter Jacques Le Goff : médiéviste, né en 1924, auteur d’ouvrages nombreux, très lus et traduits dans le monde entier, il fut l’un des historiens français le plus connus du XXe siècle. En dépit des apparences, le titre de son dernier ouvrage n’est pas une question rhétorique : s’interrogeant sur la nécessité d’un « découpage en tranches » ou, pour utiliser le mot le plus souvent employé, d’une « périodisation » qui veut que de grandes dates fassent soudain changer de période historique, l’auteur juge d’entrée de jeu que « le découpage du temps est nécessaire à l’histoire » (p. 12).

Périodisations

Ce petit livre n’est pas une œuvre théorique qui présenterait une réflexion approfondie sur ce que seraient l’usage de ces « tranches » et leurs vertus pour le travail des historiens. Son auteur examine plutôt deux des points où l’on procède couramment à la « découpe » du temps historique.

Rappelons que l’on considère, dans l’université française notamment, que l’on change d’époque en 476 (chute de l’Empire romain d’Occident, début du Moyen Âge), en 1492 (découverte de l’Amérique, début des temps modernes) et en 1789 (Révolution française, début de l’histoire contemporaine). On passe donc de l’« Antiquité » au « Moyen Âge », de celui-ci à l’époque « moderne » et de cette dernière à l’époque « contemporaine ». De l’époque médiévale, déjà bien longue (plus de mille ans), Le Goff propose de faire une période plus longue encore, en renonçant du même coup à présenter les XVIe-XVIIIe siècles comme une période à part. Les deux idées défendues dans son essai, qui a pour objet « les rapports entre Moyen Âge et Renaissance » (p. 60), sont donc l’« existence d’un long Moyen Âge » et l’« irrecevabilité de la Renaissance comme période spécifique » (p. 42). Cette thèse du « long Moyen Âge » a déjà été exposée à diverses reprises [1].

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