Enjeux et limites de la réconciliation avec les orthodoxes

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mercredi 2 mars 2016

Je répons aux questions d’Aleteia sur les enjeux de la réconciliations avec les orthodoxes, et les limites de cette rencontre.

A lire ici.

Aleteia : À lire la déclaration conjointe du pape François et du patriarche Cyrille, il semble que l’Église de Rome et l’Église orthodoxe russe mènent plusieurs combats identiques, à commencer par ceux de la famille et de la vie. Quels sont leurs points d’accord ?

Jean-Baptiste Noé : La défense d’une vision commune de l’homme et de la société est l’un des points majeurs de ce texte. Celui-ci réaffirme le droit à la vie, la reconnaissance du christianisme comme fondement de l’Europe et la nécessité de défendre l’héritage spirituel et religieux du continent. De même, il y a un passage très rude contre le laïcisme et le relativisme qui étouffent la spiritualité et chassent la liberté religieuse. À la fin du XIXe siècle, le pape Léon XIII expliquait que l’Europe n’était plus structurée autour de l’opposition entre Latins et Grecs, mais entre ceux qui croyaient en Dieu et ceux qui Le rejetaient. Il bâtissait ainsi une nouvelle vision géopolitique. Le régime communiste a oblitéré cette vision, qui redevient un enjeu diplomatique depuis sa chute.

Alors que la situation des chrétiens d’Orient mobilise à juste titre toute l’attention occidentale, le pape François et le patriarche Cyrille ont souligné le renouveau de la foi en Europe de l’Est. Quelles en sont les causes ?

Le renouveau de la foi en Russie est extraordinaire. Plus de 200 églises ont été construites dans la région de Moscou depuis 1991. La réflexion spirituelle irrigue tous les partis politiques russes, y compris le Parti communiste qui défend lui aussi l’orthodoxie. D’une certaine manière, Jean Paul II avait anticipé ce renouveau dans son encyclique Centessimus annus parue en 1991. Analysant les causes de la chute du communisme, il expliquait que celles-ci n’étaient pas dues à la faillite économique ou politique, mais au nihilisme spirituel du communisme. Or, ce nihilisme a fini par devenir insupportable à des peuples qui avaient une très longue tradition spirituelle. Des dissidents se sont levés, portés et soutenus par une foi vive, et ils ont fait tomber l’idéologie. C’est l’orthodoxie souterraine en Russie et le catholicisme du silence en Pologne qui ont provoqué la fin des totalitarismes. À partir de là, quand la pratique religieuse a été libérée, celle-ci a pu se développer pleinement.

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