Education Nationale : dernières années avant liquidation ?

Vous êtes ici : Accueil > Articles > Education Nationale : dernières années avant liquidation ?

jeudi 15 septembre 2016

L’Éducation nationale est désormais une structure vide et sans avenir dont les années sont comptées. Elle va disparaître d’une part pour des raisons budgétaires, d’autre part pour des raisons humaines. Pour l’avenir de l’école en France, c’est une très bonne nouvelle.

Un Minotaure humain et financier

L’Éducation nationale est le premier poste de dépenses de la France. Son coût s’élève à 146 milliards d’euros pour l’ensemble des collectivités publiques, dont 83.8 milliards pour l’État. Un collégien coûte 8 410€ par an, et un lycéen 11 190€. De quoi faire oublier le mythe de l’école gratuite. L’État en faillite et surendetté n’a d’autre choix que d’opérer de sévères économies dans ses dépenses. Depuis une dizaine d’années, il a coupé dans les marges, ce qui s’avère insuffisant. S’il veut faire de réelles économies, il lui faudra réduire son premier poste de dépense. Les dernières études de l’Ifrap démontrent que le public est 30% à 40% plus cher que le privé, soit un surcoût de 56 Mds€.

À l’aspect quantitatif s’ajoute le qualitatif d’une litanie des chiffres inquiétants : 30% d’illettrés à 18 ans d’après les rapports de la JDC, 200 000 jeunes qui sortent chaque année sans qualification, dont les trois quarts sont des garçons, et le suicide première cause de mortalité chez les 15-25 ans. Il est rare de conjuguer un tel gâchis financier avec un si grand gaspillage humain. En 1985, Friedrich Hayek expliquait que compte tenu de son gaspillage des ressources, l’URSS n’en avait plus que pour 5 ans à vivre. L’économiste autrichien ne s’était pas trompé. Au rythme où l’EN endette le pays et détruit ses élèves elle ne pourra pas tenir plus de 10 ans.

Absence d’Athéniens pour se faire dévorer

L’EN n’a pas d’avenir aussi pour des raisons démographiques : de moins en moins de monde souhaite y travailler, et de plus en plus de professeurs en partent. Compte tenu des départs en retraite et de la carence des recrutements, le renouvellement des générations n’est plus assuré. Le Ministère manque de personnel à mettre face aux élèves pour en assurer la garderie.

En 2014, 1 500 postes proposés au CAPES sont restés vacants, portant le taux de couverture à 85%, contre 90% en 2012. Certaines disciplines sont plus touchées que d’autres : mathématiques, 31% de postes vacants, anglais, 25%. Corrélativement à cela, le nombre de non-titulaires augmente : ils représentaient 3.6% du personnel en 2005, ils sont désormais 6.6% en 2013 (+ 10 000). Dans les académies de Versailles et de Créteil, réputées les plus difficiles, ils sont respectivement 7% et 10.4%.

Le Ministère reconnaît lui-même que le faible nombre de candidats présents au concours ne permet pas d’assurer un recrutement de bonne qualité. Le nombre de candidats au concours de professeur des écoles a chuté de 57% entre 2004 et 2013, passant de 65 500 à 26 300. Il a donc fallu abaisser la barre d’admission, certaines académies recrutant des personnes ayant obtenu moins de 6 de moyenne.

Non seulement peu veulent y entrer, mais de plus en plus de titulaires veulent en sortir. Le Ministère ne communique pas les chiffres des personnes qui ont démissionné. Cette catégorie n’est absolument pas évoquée dans le rapport annuel de statistiques qu’il publie, pourtant très complet sur le fonctionnement de l’institution. C’est une question taboue. Nous savons toutefois qu’en 2015, 40 professeurs de mathématiques ont quitté l’académie de Versailles, portant à une centaine le nombre de professeurs manquants.

Minos ne veut pas changer de politique

L’Inspection générale a diligenté un rapport pour connaître les raisons de cette désaffection. La question salariale n’en est pas la cause principale. C’est la mobilité géographique imposée qui arrive en premier, ainsi que les difficultés d’exercice du métier. Face à cela, le rapport préconise de ne rien changer, la mobilité imposée faisant partie des valeurs de la République. Si Minos refuse de changer de politique, la mort s’intensifiera.

Une bonne nouvelle

Cette mort programmée est finalement une bonne nouvelle. L’école d’État s’oppose sur plusieurs points aux principes du droit naturel : non-respect de la subsidiarité, refus du rôle premier des parents dans l’éducation des enfants, diffusion d’une idéologie d’Etat. La solution passe par le chèque éducation et la mise en place d’écoles à charte, seule façon de revenir à une école libre, celle qui existait avant Ferry et qui avait permis d’alphabétiser tous les Français. Bonne nouvelle aussi : pour la première fois, plusieurs candidats à la présidentielle à droite ont inscrit la liberté scolaire à leur programme. Dès 2017, l’EN pourrait être liquidée.

A paraître : Rebâtir l’école (automne 2016).

Thème(s) associés :

Par Thèmes