Deutsche Welle-Spanisch : Le Pape et le Venezuela

Je réponds aux question d’un journal allemand, le Deutsche Welle-Spanisch, qui publie ses articles en espagnols, au sujet de la médiation du Pape dans la crise au Venezuela.

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Comment se manifeste la médiation du Pape dans la crise au Venezuela ?

Entre un pape argentin et un Secrétaire d’État (Mgr Parolin) qui a été nonce apostolique au Venezuela entre 2009 et 2013, la tête de l’Église connaît bien l’Amérique latine et le Venezuela en particulier.

Il n’empêche que la médiation est très difficile. C’est une crise politique qui est interne au pays. Un État étranger aura donc du mal à intervenir. Hugo Chavez puis Nicola Maduro veulent établir le « socialisme du XXIe siècle » et qui aboutit à la famine et à la pauvreté. On voit mal comment Nicola Maduro pourrait renoncer à cette doctrine. Le régime tient parce qu’il défend une idéologie. Y renoncer, c’est courir le risque de provoquer l’effondrement du régime, comme l’URSS.

Les évêques du Venezuela ont demandé que l’état de droit soit respecté, qu’il n’y ait pas de détention abusive et que la justice respecte la loi. Le président de la commission Justice et Paix, Mgr Roberto Luckert, a soutenu les évêques en publiant une note dans laquelle il demande que le gouvernement « arrêter la répression violente contre les citoyens, actions qui s’ajoutent à la situation de crise, à l’insécurité et au déséquilibre social que le pays est en train de vivre ».

Pour l’instant, ces appels au gouvernement n’ont pas de succès.

Ce n’est pas la première fois que la diplomatie du Vatican intervient comme médiateur dans un conflit en Amérique latine. Quels succès a-t-elle eu dans le passé et quel succès peut-elle avoir aujourd’hui ? Quels sont les plus grands défis ?

On se souvient de la médiation de Jean-Paul II (1979) entre le Chili et l’Argentine au sujet du canal de Beagle. Il avait réussi à éviter une guerre entre les deux pays. Plus récemment, il y a la médiation de Benoît XVI, poursuivi par François, entre Cuba et les États-Unis, qui a abouti à l’entente entre les deux pays. Et puis il y a l’action de l’Église en Amérique centrale, pour faire cesser les guerres civiles qui ont touché ces pays.

Le grand challenge aujourd’hui est de faire cohabiter les différents peuples et les différentes communautés. L’Amérique latine est une mosaïque. Les rancœurs sociales sont fortes. Beaucoup d’hommes politiques soufflent sur ces haines pour les attiser au lieu de réparer les plaies. Le pape François, lors de ses nombreux voyages en Amérique latine, a défendu la réconciliation, le pardon, la fraternité, pour que les différentes classes et peuples puissent vivre en paix.

Le synode sur l’Amazonie, prévu en 2019, doit être l’occasion de répéter encore une fois ces éléments.

Quelle est la puissance de la diplomatie vaticane ? Quelles sont les possibilités et les limites du Pape sur la scène politique ?

Le Vatican est l’un des États qui a le plus d’ambassades et de représentations diplomatiques dans le monde. Il fait jeu égal avec les États-Unis et la France. Il dispose d’un très grand réseau de renseignement, grâce aux communautés religieuses. Sa force est qu’il ne défend pas ses intérêts propres, mais ceux de l’humanité, les faibles et les exclus. Il ne cherche pas à gagner des parts de marché ou à conquérir des territoires, comme la diplomatie classique.
Sa faiblesse, c’est qu’il est limité au bon vouloir des gouvernements. Il peut défendre la paix et le droit, mais il ne peut rien imposer. On le voit au Venezuela : il n’a aucun moyen de pression sur Maduro. Mais il encourage les catholiques à continuer à œuvrer pour la paix et la réconciliation nationale.

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