Commentaire du discours de Benoît XVI

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lundi 4 février 2013

Dans le cadre du séminaire évoqué précédemment, j’ai réalisé un commentaire du discours de Benoît XVI aux professeurs.

Je publie ici les quelques notes que j’avais sous les yeux, ce qui est fragmentaire. Je vous conseille surtout de lire le texte intégral et original.

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Ce texte est bref, mais d’une grande densité. Il est une synthèse percutante de la vision éducative du pape, et de l’orientation qu’il souhaite donner à la formation de la jeunesse. Il est remarquable que le Saint-Père s’adresse de façon précise à une catégorie professionnelle, comme pour mieux en souligner la spécificité pour la société, et il n’est pas anodin que cette catégorie professionnelle soit les professeurs, dans la mesure où le Saint-Père fut lui-même professeur d’université et où il accorde une grande attention à l’éducation de la jeunesse.

Nous soulignerons ici les points les plus remarquables de ce discours, en suivant les propos de Benoît XVI, et sans chercher à donner une pleine structuration à ces quelques notes.

Le pape insiste tout d’abord sur le fait que les professeurs doivent permettre aux étudiants de découvrir la rationalité de l’homme, de se rendre compte à quel point la vie humaine a un sens, et qu’elle n’est pas absurde. C’est en faisant naître chez chaque élève la compréhension du sens de sa vie que l’on permettra à celui-ci de donner un sens à ses études et à sa formation.

Faisant cela, nous ne devons pas céder à la logique du marché. Le savoir a une exigence propre, et l’école et l’université ne sont pas le miroir de la société. Rien n’est pire, pour l’école, que de sombrer dans la logique de l’utilitarisme, de ne s’attacher qu’à la transmission de compétences ou de données utiles pour l’entreprise. La logique utilitariste est une réduction de l’être. Bien au contraire, les professeurs doivent donner de l’ampleur et de la densité à leur discipline et à leurs élèves. Il faut rejeter la vision de l’homme machine pour proposer une vision totale de l’homme, éducation de sa raison et de son âme. Le professeur doit répondre aux inquiétudes de l’élève en lui montrant que la vie n’est pas absurde, que le savoir libère l’homme, et que la vérité est le chemin de la liberté.

Transmettre la vérité est le meilleur service que nous puissions rendre à la jeunesse. Enseigner, c’est former des jeunes, et non pas transmettre de façon aride des contenus. S’il faut se garder de l’utilitarisme, il faut aussi se prémunir de la transmission stérile.

La société actuelle est émiettée, liquide, si bien que les jeunes se trouvent défragmentés. Ils ont besoin de trouver des points de repère sûrs et stables sur lesquels s’appuyer pour fonder leur vie d’adulte. C’est le rôle de l’éducation, et donc des professeurs, que d’enraciner les jeunes et de les affermir dans des savoirs. Seule la transmission de savoirs cohérents, et conformes à une saine anthropologie humaine, permet de bâtir des hommes qui seront eux-mêmes cohérents.

Les professeurs doivent donc avant tout diffuser la vérité, qui est unique et non relative. Ils doivent être les collaborateurs de la vérité. Cela passe, entre autres, par une universalité bien comprise des savoirs. La saine interdisciplinarité consiste à montrer aux élèves qu’il y a une cohérence entre toutes les disciplines enseignées et étudiées, que toutes sont utiles pour la formation humaine.

Le professeur doit être un maître, c’est-à-dire un modèle. Il doit pouvoir être suivi, non pour être suivi pour lui-même, mais pour accompagner l’élève vers le Christ. L’humilité est à ce titre une vertu cardinale, car elle ouvre à la vérité, alors que la vanité nous ferme à celle-ci, notamment la vanité de croire que l’on maîtrise la connaissance.

Le professeur a donc une forte responsabilité. Il est, pour l’élève, une porte vers le monde du travail, ainsi qu’une porte vers la vie adulte. Il doit donner à l’élève le goût de devenir adulte, et d’affronter la société qui s’ouvre à lui.
Pour ce faire, le professeur doit aimer ses élèves, et aimer son métier. Sa vie professionnelle ne pourra être féconde que s’il la pratique dans le cadre d’une vie de foi.

Quelques citations du pape :

« Mais, où les jeunes trouveront-ils ces points de référence dans une société émiettée et instable ? Parfois on estime que la mission d’un professeur universitaire est aujourd’hui exclusivement de former des professionnels compétents et efficaces qui puissent satisfaire la demande du marché du travail à tout moment précis. On affirme également que l’unique chose que l’on doit privilégier dans la conjoncture actuelle est la pure capacité technique. Certainement, cette vision utilitaire de l’éducation, même universitaire, répandue spécialement dans des milieux extra-universitaires, s’installe aujourd’hui. »

« Et la façon [transmettre la foi] ne signifie pas seulement l’enseigner, mais encore plus la vivre, l’incarner, de sorte que le Logos lui-même s’incarne pour placer sa demeure parmi nous. En ce sens, les jeunes ont besoin de maîtres authentiques ; des personnes ouvertes à la vérité totale dans les différentes branches du savoir, sachant écouter et vivant à l’intérieur d’elles-mêmes ce dialogue interdisciplinaire ; des personnes convaincues, surtout, de la capacité humaine d’avancer sur le chemin vers la vérité. La jeunesse est le temps privilégié pour la recherche et la rencontre de la vérité. Comme le disait Platon : « Cherche la vérité tant que tu es jeune, parce que si tu ne le fais pas, ensuite elle t’échappera des mains » (Parménide, 135d). Cette haute aspiration est la plus valable que vous puissiez transmettre personnellement et vitalement à vos étudiants, et pas simplement quelques techniques matérielles et anonymes, ou quelques froides données, utilisées seulement de façon fonctionnelle. »

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