Comment gagner des milliards

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lundi 13 août 2012

Tous les chiffres cités dans cet article sont issus deRepères et références statistiques sur les enseignements, l’information et la recherche, Éducation Nationale, 2011. Ce sont des chiffres officiels du Ministère.

Combien coûte un élève en 2009 ?
En 2009, un élève d’une école coûte 5 690€ par an, un élève du collège, 8020€ et un élève de lycée général et technologique, 11 400€.

Combien coûtait un élève en 1985 ?

En 1985, le même élève coûtait 3 490€ à l’école, 5 530€ au collège, et 7 310€ au lycée général et technologique.

Précisons que ce sont des euros constants de 2009, c’est-à-dire que c’est la même monnaie en 2009 et en 1985, l’inflation ne rentre pas en compte.

Entre 1985 et 2009, quelle a été l’augmentation du coût d’un élève ?

Pour l’école : +2200€, soit +63%.
Pour le collège : +2490€, soit +45%.
Pour le lycée : +4090€, soit +56%.

Si l’on prend 1980 comme année de départ, l’augmentation est la suivante :

École : +2760€, soit +94.2%.
Second degré (collège + lycée) : +3530€, soit +60.3%.

Cette augmentation faramineuse des dépenses fait de l’Éducation Nationale le premier budget de l’État, représentant 17% des dépenses du pays.
Si l’on avait dépensé autant d’argent pour améliorer notre système éducatif, on pourrait s’en satisfaire, mais connaître 50% de hausse en 24 ans pour aboutir à 30% d’illettrés est un gâchis d’argent public monumental.

D’autre part, à partir des années 1980, l’État s’est désengagé de la gestion des bâtiments puisque les écoles sont désormais à la charge des communes, les collèges des départements et les lycées des régions. « À ce titre, elle en assure la construction, la reconstruction, l’extension, les grosses réparations, l’équipement et le fonctionnement. » L’augmentation du coût d’un élève n’est donc pas imputable à l’investissement dans le foncier, bien au contraire, il s’est fait en dépit du désengagement de l’État dans la gestion des bâtiments scolaires.

Personne ne pourra contester que le « niveau » scolaire était supérieur en France en 1985, aussi bien dans les filières générales que les filières techniques. Plus nous avons dépensé d’argent, plus nous avons produit des illettrés. En fait, en introduisant massivement les méthodes pédagogistes à partir des années 1980, et en réduisant le contenu des programmes à leur plus simple expression, le système a créé une génération de cerveaux vides, que l’on a cherché à remplir par des dépenses somptuaires qui ont tenté d’acheter la paix sociale. Nous conseillons vivement aux parents de comparer leurs manuels scolaires avec ceux qu’utilisent leurs enfants, ils pourront ainsi constater par eux-mêmes la baisse réelle du niveau. Les manuels de français d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec les Lagarde & Michard d’hier, que l’on se dépêche de racheter à chaque nouvelle édition pour les lires en cachette à la maison. Les textes du ministère interdisent en effet son emploi en classe.

Comparons maintenant ce que coûte l’école par niveau avec les coûts de 2009, et ce qu’elle coûterait si nous avions encore les coûts de 1985.

École
Nombre d’élèves en 2010 : 6 664 300
Coût par élève en 2009 : 5690€
Coût total en 2009 : 38 milliards d’euros.

Collège
Nombre d’élèves en 2010 : 3 126 400
Coût par élève en 2009 : 8020€
Coût total en 2009 : 25 milliards d’euros.

Lycée général et technologique :
Nombre d’élèves en 2010 : 463 248
Coût par élève en 2009 : 11 400€
Coût total en 2009 : 5,3 milliards d’euros.

Coût total : 68.3 milliards d’euros.

Si nous avions maintenus les coûts de 1985 les dépenses seraient de cette nature là :
École : 23.2 milliards.
Collège : 17.2 milliards.
Lycée : 3.4 milliards.
Coût total : 43.9 milliards d’euros.

En revenant au coût de 1985, le gouvernement économiserait ainsi la somme de 24.3 milliards d’euros. En revenant aux méthodes pédagogiques de 1985, le gouvernement réduirait fortement l’illettrisme et l’inculture qui ronge la génération perdue.

24.3 milliards d’économisés, c’est autant de charges patronales et salariales en moins, donc une compétitivité renforcée de nos entreprises, et une augmentation immédiate des salaires. Moins d’illettrisme, plus de culture, et des entreprises plus performantes ; voilà une vraie politique.

Un dernier point sur les origines de la hausse des coûts. Certains invoquent la massification de l’éducation pour justifier l’augmentation des dépenses et expliquer la baisse du niveau scolaire. Cet argument ne tient pas car, entre 1985 et 2010, le nombre d’élève n’a cessé de baisser.

Voilà ce que dit le document en page 94 : « Les effectifs du premier cycle ont crû de 42,2 %, de 1960 à 1985, puis ont baissé, de 1985 à 1990, du fait de l’entrée au collège de générations moins nombreuses. Après quelques années de hausse, ils ont été de nouveau orientés à la baisse de 1995 à 2007, suivant ainsi l’entrée au collège de générations moins nombreuses. »

Voici donc les chiffres du nombre d’élèves (en milliers) :

1990 : 5594.5
2010 : 5257.7

Soit une baisse de 336.8 milliers ou 6% de baisse. Donc moins il y a d’élèves, plus les élèves coûtent. Et moins il y a d’élèves et plus il y a d’échec scolaire.

La politique éducative en France a fonctionné selon le même modèle que la politique de la ville récemment épinglée par la Cour des comptes : des mesures désastreuses que l’on savait à l’avance vouées à l’échec, et un accroissement des dépenses pour appliquer du désinfectant sur la plaie et acheter la paix sociale à prix d’or. Cette politique est un échec à tous les niveaux ; mais personne n’envisage d’en changer.

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