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lundi 26 janvier 2015
Est-ce par sens de l’humour, ou bien par usage de formules diplomatiques courtoises que le Pape François a évoqué sa diplomatie de la politesse vis-à-vis de la Chine ? « Le gouvernement chinois est poli. Nous aussi, nous sommes polis et nous faisons les choses pas à pas, comme se font les choses dans l’Histoire. On ne sait rien pour le moment, mais ils savent que je suis disposé à les recevoir ou à y aller. Ils le savent » a précisé le pape en conférence de presse dans l’avion Manille Rome.
C’est le fait diplomatique inattendu de ce voyage en Asie : il a permis des avancées importantes dans le dialogue entre la Chine et le Saint-Siège. Il ne faut pas aller trop vite en besogne, ni y voir des ruptures ou des nouveautés, mais une diplomatie qui avance pas-à-pas. Alors qu’en 1989, le gouvernement chinois avait interdit à l’avion papal de survoler l’espace aérien chinois pour permettre à Jean-Paul II de se rendre en Corée du Sud, cette fois-ci l’autorisation a été donnée. À ce titre, François est le premier pape à survoler le ciel chinois, et s’il ne s’est pas encore rendu au sol, au moins a-t-il pu effectuer une visite aérienne. Cela lui a notamment permis de faire parvenir un télégramme au président chinois, comme le veut la tradition diplomatique des voyages pontificaux. C’est la deuxième fois que l’avion du pape survole la Chine, la première étant lors de la visite de François en Corée, en août 2014.
Autre manifestation de la diplomatie polie qui se tisse entre le Saint-Siège et la Chine, cette fois dans le domaine culturel, avec la publication de la collection chinoise de la bibliothèque vaticane. La bibliothèque du Vatican possède des collections de livres de l’époque Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911). Ces livres demeuraient dans les fonds de la bibliothèque, sans pouvoir être rendus publics. Grâce à une coopération avec Pékin et l’institut Confucius de Rome, les ouvrages commencent à être numérisés. Le projet avait débuté en 2008 et commence à prendre forme.
Cette coopération politique témoigne à la fois d’un rapprochement entre le Saint-Siège et Pékin, notamment parce que le Vatican possède la plus grande collection de livres chinois de la dynastie Qing, mais aussi d’un infléchissement du gouvernement chinois vis-à-vis de son histoire. En effet, les troubles de la guerre civile, puis la situation communiste de Mao et de ses successeurs avaient empêché la compilation des livres Qing et les recherches historiques sur les œuvres de cette dynastie. Ce n’est qu’à la fin des années 2000 que Pékin s’est de nouveau intéressé à son histoire, preuve que si la Chine demeure communiste, c’est peut-être pour mieux renouer avec la grandeur culturelle de ses empires.
Sources : Radio Vatican, Zenit, Osservatore Romano.
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