Centrafrique : la guerre civile par un témoin

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dimanche 26 mai 2019

Bernard Kinvi, Tigrane Yégavian, Mission, Cerf, 2019, 224p. 18 euros

Membre de l’ordre hospitalier des Camiliens, le togolais Bernard Kinvi officie depuis 2010 à Bossemptélé, une mission située dans l’ouest de la République centrafricaine. Le jeune prêtre est confronté à la réalité d’une guerre qui, à partir de 2013, ravage ce pays regorgeant de richesses et dont la population accuse un taux de pauvreté endémique. État failli, délaissé et soumis à la violence milicienne, la Centrafrique fait l’objet de toutes les convoitises de la part de ses remuants voisins que sont le Tchad et les deux Soudan.

Début 2013, les « miliciens musulmans » de la Séléka qui ont pris le pouvoir à Bangui font irruption dans la région où se situe la mission du père Kinvi et déclenchent une vague de violences. En réponse, à ces actes, des milices dites « anti-balaka » se constituent et chassent les Séléka, s’en suit des massacres de masse de civils musulmans. L’une des attaques les plus meurtrières à lieu à Bossemptélé où le père Kinvi parvient à recueillir, cacher, soigner dans sa mission des milliers de musulmans traqués, et ce malgré les menaces de mort proférées par les anti-balaka. Il parviendra non sans mal à assurer leur évacuation vers le Cameroun.

L’intérêt de ce récit qui ne peut se limiter au seul témoignage d’un chrétien engagé à répandre le message de l’Évangile, est l’analyse froide et lucide qu’il fait de la crise centrafricaine. Homme de dialogue et de courage, Bernard Kinvi s’inscrit en faux contre le récit des journalistes de la presse internationale qui dépeignent un soi-disant conflit confessionnel, épinglant au passage l’inefficacité criante des mécanismes de la communauté internationale.

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